L’artiste américain renommé, Frank Stella, a succombé à un lymphome le 4 mai à l’âge de 87 ans à New-York. Stella était une figure bien connue de la scène artistique américaine de son époque, faisant l’objet de nombreux débats malgré sa grande notoriété.
Il voit le jour à Malden, dans le Massachusetts, le 12 mai 1936 dans un environnement privilégié. Sa mère est une femme ayant bénéficié d’éducation artistique et son père exerce le métier de médecin. Stella reçoit son éducation à la Phillips Academy d’Andover, également située dans le Massachusetts, avant de rejoindre l’université de Princeton, où il obtient son diplôme en 1958. Au début de sa carrière, son art est influencé par le style de Willem de Kooning et Franz Kline, tout comme ses pairs contemporains. Cependant, la rencontre avec le travail de Jasper Johns en 1958 l’a éloigné de l’expressionnisme abstrait, qui était devenu très commun à l’époque.
En 1959, gagnant sa vie en tant que peintre de construction, Stella crée dans son atelier du Lower East Side ses premières « black paintings ». Ces oeuvres se caractérisent par des surfaces entièrement recouvertes de bandes noires parallèles, séparées par de minces espaces non colorés.
La peinture de Stella n’offre aucune allusion à la réalité ou dimension symbolique, ne présentant qu’une surface régulière et silencieuse. Les titres de ses œuvres ajoutent souvent une nuance d’obscurité, à l’instar de « The Marriage of Reason and Squalor ». Néanmoins, cette œuvre obtient rapidement une reconnaissance institutionnelle en étant acquise par le Museum of Modern Art de New-York (MoMA). Stella connaît ainsi une ascension fulgurante. Présenté dès 1959 dans les galeries Tibor de Nagy et Castelli, Stella est ensuite inclus dans l’exposition « Sixteen Americans » au MoMA, censée représenter une nouvelle vague d’artistes.
En ce qui le concerne, son approche abstraite, visiblement méthodique et réalisée avec une précision mécanique, résonne d’autant plus qu’après sa phase sombre, il introduit deux innovations : une chromie de plus en plus prononcée et la technique du « shaped canvas » qui consiste à peindre sur des toiles ni carrées ni rectangulaires. Les bords dessinent des zigzags, des trapèzes et des octogones, les angles deviennent concaves et la surface est parfois creusée au milieu. Frank Stella explore différentes variations permises par ces innovations, tout en continuant à donner des titres dépourvus de sens, inspirés de la géographie ou de l’histoire.
Il s’établit rapidement comme un jeune maître qui renverse les conventions les plus anciennes, devenant un précurseur du minimalisme. Il prend part à des expositions marquantes, comme Geometric Abstraction au Whitney Museum en 1962, Toward a New Abstraction au Jewish Museum en 1963 et Post-Painterly Abstraction au Los Angeles County Museum en 1964. Cette dernière exposition a été organisée par le critique Clement Greenberg, considéré à l’époque comme l’oracle de l’avant-garde. Frank Stella représente la modernité new-yorkaise avec sa femme, la critique Barbara Rose, qu’il a épousée en 1961.
Il reste encore 49.78% de cet article à découvrir. La suite est accessible seulement aux abonnés.
Laisser un commentaire