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« Village fantôme du Salagou renaît idéalement »

Au coin d’une rue parfumée de glycine et de pain fraîchement cuit de la boulangerie locale, des habitants discutent tranquillement. Deux écoliers joyeux passent en courant, impatients de rejoindre les rives du lac voisin. Bien que nous soyons à la fin de mars, il règne une atmosphère estivale précoce sur Celles, qui ressemble à un village typique de l’Hérault.

Dans un scénario de film, un plan large révèlerait ensuite combien la vie de ce village aux maisons en pierre volcanique a été à la merci du danger. L’objectif de la caméra s’attarderait sur ce panneau en béton érodé par le temps, où le mot « Celles » est à peine lisible. Il pointerait le lavoir abandonné sans toit, situé à côté du calvaire, et ces maisons effondrées, réduites à deux ou trois murs restants, abritant désormais un arbre dans leur centre évidé. La séquence se terminerait sur une image poignante : une infinité d’eaux lacustres bordées de roseaux dorés au bout d’un chemin de terre rouge, là d’où le danger s’est levé.

En 1969, la petite ville du sud de Lodève n’a été sauvée d’une inondation par le lac artificiel de Salagou que de justesse, à seulement 11 mètres près. Actuellement abritant une trentaine d’habitants, la commune aura connu plus d’un demi-siècle de lutte pour s’adapter et innover, sous l’impulsion du président socialiste du conseil départemental de l’Hérault, Kléber Mesquida. Le souhait de cette réinvention est de dynamiser une ruralité précieuse, de stimuler une économie locale vertueuse et d’offrir un cadre de vie agréable, le tout dans le respect de l’environnement.

En témoignent ceux qui ont pris part à cette lutte interminable, réunis dans la cour animée et fleurie de l’hôtel de ville. Parmi eux se trouvent Madame Joëlle Goudal, la maire, et les cinq autres membres du conseil municipal qui racontent des versions de cette histoire, une histoire commune qui n’a vu le jour qu’après de nombreuses discussions. Celles était dans les années 1960 une bourgade agricole de quatre-vingts habitants tirant leurs revenus de la culture de la vigne, du raisin de table et des pêches, cultivés grâce à un microclimat favorable offert par deux collines. Par contre, la vallée environnante été aride, et la viticulture en crise.

Dans le but de diversifier l’exploitation tout en contrôlant les inondations de l’Hérault, l’idée d’un lac artificiel voit le jour. Le conte devient plus rugueux au milieu des repas avec vue sur les reflets bleus, à l’image du village de cette époque, qui s’est progressivement vidé de ses habitants, déchiré entre ceux qui ont « vendu » et les « expropriés ». Les premiers ont « rapidement accepté les montants offerts par l’État », les seconds « moins bien dédommagés, plus tard, après avoir résisté », note Joëlle Goudal, le cou haut dans le col Mao de sa tenue chinoise.
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