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« Cellules d’urgence » : survie à Khartoum

L’effroi des attaques aériennes et des tirs de gros calibre étouffent l’appel à la dévotion qui vibre dans les artères de Khartoum. Ramadan a commencé le 11 mars toutefois les hostilités persistent dans la capitale soudanaise. Ce spectacle évoque une familiarité inquiétante. Presque un an auparavant, le 15 avril 2023, le conflit démarrait entre les forces militaires soudanaises et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) durant le mois sacré du Ramadan, quelques jours avant l’Eïd-al-Fitr.

Près d’un an après, Khartoum demeure l’épicentre des conflits. Près de la moitié de la population urbaine a quitté la ville, avec plus de 3 millions de personnes contraintes à l’exil. L’autre moitié de la population a choisi de rester dans une ville transformée en champ de guerre. Quartier par quartier, ils se rassemblent et s’efforcent de subsister en autarcie.

À Jareef al-Gharb, à l’est de Khartoum, une cour d’école a été transformée en une cantine communautaire. Sur des vidéos transmises au Monde, des volontaires préparent l’iftar, le repas de rupture du jeûne, pour des dizaines de résidents locaux. On y mijote du riz et des lentilles dans de grands chaudrons en zinc. À l’opposé de la ville, à Beit al-Mal, une communauté dirigée par le cheikh El-Amine, un prédicateur soufi, a accueilli près de 100 familles qui fuient les abus des soldats. « Nous avons une salle à manger où nous préparons près de trois mille repas par jour, une salle de prière, une clinique, des dortoirs et même une boulangerie », partage un membre du clergé en charge du sanctuaire baptisé El-Masid.

Dans la capitale, on compte désormais plus de 300 cuisines communautaires de cette nature. Bien qu’elles soient parfois soutenues financièrement par des figures locales de première plan, la majorité de ces projets ont vu le jour grâce aux efforts coordonnés de groupes d’urgence autogérés. Ces groupes sont constitués de bénévoles, de militants politiques expérimentés, de professionnels de santé et de travailleurs sociaux – bon nombre d’entre eux sont issus des comités de résistance qui ont joué un rôle clé dans la révolution qui a conduit à la destitution d’Omar Al-Bachir en 2019.

Dans un contexte où plus de 70% des hôpitaux de la capitale sont hors d’usage, ces collectifs se montrent très ingénieux, en créant des cliniques improvisées qui accueillent gratuitement des victimes de guerre et des patients atteints de maladies chroniques. « Nous travaillons souvent à même le sol avec peu d’équipement, et ne réussissons à sauver qu’un petit nombre de personnes », confie Omar (nom changé pour des raisons de sécurité), un membre du groupe d’urgence du quartier de Fitehab, situé sur la rive occidentale du Nil blanc.

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