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Moto & Cinéma: Black Rain, de Ridley Scott – 1989

Après avoir alterné les genres, historique, fantastique et science-fiction (Alien en 1979, puis Blade Runner en 1982), le plus talentueux des frères Scott s’est penché sur le scénario de Black Rain, polar urbain, froid et stylisé.
Le cinéaste américain s’est laissé séduire par cette oeuvre de commande dont l’action se déroule principalement au Japon.

Avec l’insistance de Michael Douglas (acteur et producteur), c’est l’idée d’explorer un monde exotique qui a motivé Ridley Scott à mettre en images le script de Warren Lewis (scénariste du 13ème guerrier, en 1999).
Tel est le synopsys d’un film sous-estimé de son auteur: “Tête brûlée de la police américaine, Nick Conklin parvient, avec l’aide de son jeune coéquipier Charlie Vincent, à arrêter héroïquement Sato, un Yakusa coupable d’un double meurtre…”Black Rain 1989“…Le Japon ayant obtenu l’extradition du criminel, Nick et Michael se voient chargés de l’escorter jusqu’à l’aéroport d’Osaka, où la police nipponne les attend.
Mais, en guise de policiers, ce sont les complices déguisés de Sato qui accueillent le prisonnier.

” Ainsi commence pour les policiers américains une chasse à l’homme dans un pays dont ils ne connaissent ni les coutumes ni le langage.
Black Rain, disponible en DVD: produit en 1988, sortie en 1989.
Réalisateur : Ridley Scott.
Acteurs : Michael Douglas, Andy Garcia, Ken Takakura, Yusaku Matsuda, Kate Capshaw, Luis Guzman…L’intrigue est assez simple mais la façon de filmer de Scott est toujours somptueuse.
A l’image d’un grand architecte de la photo urbaine comme le cinéaste Michael Mann, les lumières et l’ambiance du film sont parfaitement maîtrisées.
L’autre élément d’intérêt est la relation professionnelle puis amicale qui va se développer entre deux inspecteurs Américain et Japonais que tout oppose.
En effet, réprimer par la police japonaise d’Osaka, Nick et son compère Charlie sont contraints de servir d’observateurs à l’enquête du très sérieux inspecteur Matsumoto.
Mais l’impulsivité de Nick et le manque d’initiative de la police japonaise vont obliger les deux flics américains à dépasser leur fonction d’observateur et à braver les règles de conduite japonaises, afin de mener eux-mêmes leur enquête et de retrouver Sato.
Certes, Black Rain est un énième film policier relativement conventionnel.
Il n’en reste pas moins que la manière dont Ridley Scott s’amuse à croiser les deux cultures, deux mondes diamétralement opposés, celle de l’Amérique (l’occident) et du Japon, est intéressante.
Car, en arrivant au pays du Soleil levant, Nick et Charlie découvrent un monde régit par un code d’honneur strict, un respect total de la hiérarchie, à des années lumières de leur méthode pour faire avancer l’enquête.
Le film vaut par la personnalité et la cohérence qu’apporte le réalisateur aux protagonistes principaux.
Certes, les rôles sont stéréotypés, mais fort bien développés.
Michael Douglas (fils du mythique Kirk Douglas) joue le flic typique américain, impulsif, stressé et cynique, qui n’a que faire des règles.
A l’opposé, Matsumoto joué par le remarquable Ken Takakura, est le modèle japonais respectueux de sa tradition et de la rigidité du code d’honneur.
Il semble toujours soumis à ses supérieurs hiérarchiques, discret, patient, calme et contrôlé.
Andy Garcia assure quant à lui Charlie, le type cool car plus jeune que Nick.
Plus réfléchi, il s’accommode de son sort avec plus de facilité que son coéquipier, ce qui lui vaut très vite la sympathie de Matsumoto.
Puis il y a Sato, le méchant de service, la version criminelle du japonais qui s’est finalement accommoder de la pensée occidentale, bravant violemment toute notion de respect de la hiérarchie, d’humilité, d’honneur ou de soumission.
Il faut savoir que Yusaku Matsuda, l’acteur qui interprète Sato, était atteint d’un cancer au moment où il tourna le film.
Sachant que jouer dans le film allait aggraver sa santé, il décida néanmoins d’interpréter son rôle jusqu’au bout, précisant que de cette façon, il vivrait pour toujours.
Le sens de l’honneur Japonais n’est pas une légende.
Si Sato représentant l’archétype du méchant déshumanisé et sans scrupules, Ridley Scott n’oublie pas de glisser quelques messages sur les occidentaux qui ont créés des malfaisants comme lui, sans oublier celui des ravages de la bombe atomique de 1945, ce que signifie le titre du film Black Rain (Pluie Noire).
Ridley Scott arrive à apporter un sens véritable qui ne se limite pas à un simple règlement de compte par la vengeance personnelle.
Il démontre avec habileté comment deux cultures opposées peuvent avancer à l’occasion de l’accomplissement d’une tâche commune presque salvatrice.
Hélas, un détail (qui n’en est pas un) vient gâcher le film: la version française.
Comme la plupart des films tournés sur le sol Asiatique, la vision en version originale est vraiment indispensable.
Mais, pour une fois, ce n’est pas avec le doublage des rôles japonais que le bât blesse.
C’est le doublage français des deux rôles principaux qui est absolument catastrophique.
Pour accentuer les tics et la relation fraternelle entre les inspecteurs américains, les dialogues ne sont étrangement pas fidèles à la version anglaises.
En effet, aux voix pourtant habituelles, sont ajoutés de nombreux tics absolument insupportables.
C’est ainsi qu’on entend par exemple ‘ma puce’ à tout bout de champs, placé parfois plusieurs fois dans un même dialogue, sinon répété un nombre incalculable de fois dans la totalité du film.
Il est de toute façon important d’écouter les rôles japonais non-doublés, c’est-à-dire dans leur langue originelle ou en anglais, selon les scènes.
A ce propos, un autre détail (systématique à Hollywood) fait très mal aux oreilles: le bruit (insupportable) des bandes de motards Yakuza ou des courses-poursuites en Trail 125 cm3 mono-cylindre, qui est doublé par une bande son de moteur 4 cylindres qui n’a aucun rapport.
C’est toujours très frappant d’entendre une abeille hurlée comme un 4 pattes pour pas grand chose, sinon faire une impression sonore sur la pellicule.
Bien-entendu, on ne touche pas au patrimoine Américain et le bruit de la Harley-Davidson est bien fidèle.
Vous me direz, il n’est jamais nécessaire de le doubler au cinéma.
C’est tout-à-fait juste, puisque la scène où Michael Douglas vient chercher sa fille (dont il n’a évidemment pas la garde) chez son ex-femme, est assez belle en les voyant brièvement s’éloigner tous les deux sous la pluie au son de la longue montée en régime caractéristique du V-twin de Milwaukee.
Néanmoins, pour mettre en place le profil ’spécial’ de l’inspecteur joué par Michael Douglas, on a droit dès l’introduction du film à un duel à moto qui frise le ridicule.
En revanche, il est intéressant de voir le cinéaste jouait avec les références symboliques, comme cette Harley-Davidson Sportster Evo au style sportif proche du mythe XLCR (surtout l’arrière, le tête-de-fourche vitré étant assez personnel).
Ridley Scott semble d’ailleurs apprécier la moto puisqu’on la retrouve à nouveau dans son prochain film où l’on revoit Michael Douglas dans Wall Street 2, la suite du film éponyme de 1987 (déjà joué par l’acteur) qui sera présentée au festival de Cannes 2010.
Avec Black Rain, Ridley Scott nous gratifie d’une mise en scène classique mais efficace, d’un décor à la fois sombre et inquiétant (les ruelles sombres d’Osaka rappellent parfois celles de Blade Runner), d’un casting de qualité et d’un bon déroulement de l’intrigue.
Ceci dit, dans un style très année 80, il est difficile d’ignorer les lunettes noires à l’ancienne, style ‘Marion Cobretti’ (verres miroirs tout de même pour Cobra, série B de 1986 avec Sylvester Stallone) vissées en permanence sur le nez de Michael Douglas, même dans un lieu sombre en pleine nuit noire…Source photos : www.
toutlecine.
com

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