Depuis trois semaines, chaque soir a vu des manifestations dans le cœur de Tbilissi, en opposition à la nouvelle législation concernant l’« influence étrangère ». Le vendredi 3 mai n’a pas fait exception, avec des milliers de personnes réunies sur la place de la Liberté, devant l’hôtel Paragraph, appartenant à Bidzina Ivanichvili : un milliardaire et l’actuel chef du parti Rêve géorgien au pouvoir depuis une décennie. Les protestataires crient « Refusons la lois russe ! » et « L’Europe représente la seule voie de civilisation ! ».
Cette législation, semblable à celle adoptée par la Douma en 2012 pour réprimer l’opposition à Poutine, est désignée par ses opposants comme la « loi russe ». Elle exige des médias indépendants et des organisations civiles de se déclarer comme des « entités à la poursuite des intérêts d’un pouvoir étranger » si plus de 20% de leurs financements proviennent de l’étranger, en Géorgie tout comme en Russie.
Kety Gujaraidze, de l’ONG locale Green Alternative, exprime son indignation face à cette étiquette d’ « agent de l’étranger » attribuée dans son propre pays, la qualifiant d’injuriante et d’accusation de trahison. En participant à chaque manifestation depuis trois semaines, cette militante de 52 ans pense que c’est dans les rues de Tbilissi que l’avenir de la Géorgie se décide. Elle rappelle que la Russie, en nous envahissant en 2008, était clairement notre ennemie, mais qu’aujourd’hui, c’est notre propre gouvernement qui nous attaque en cherchant à étouffer la société civile et à rompre nos liens avec l’UE. Elle jure qu’ils ne resteront pas inactifs face à cette situation.
« Nous nous identifions comme Européens »
Les jeunes sont le pilier de la contestation. Portant le drapeau géorgien fièrement, Nia, Salomé, Tengo et Nodariko, qui sont des étudiants ou des lycéens, ne trouvent pas le modèle russe attirant. « Nos gouvernants peuvent être sous le joug de Moscou, mais pas nous. Nous nous considérons comme Européens », témoigne Salomé Aladachvili, une lycéenne de 16 ans. « Nous poursuivrons notre lutte jusqu’à l’abrogation de cette loi, nous n’avons pas peur! », déclare avec passion sa consoeur, Nia Khourstsilava, 15 ans, encadrée par ses deux tresses brunes. Selon elle, cette loi « détruit le rêve européen » du pays et « met en péril l’avenir » des jeunes. Comment cela? « Tous les secteurs, médias, ONGs, système éducatif, seront affectés. En particulier les organisations qui facilitent les échanges d’étudiants, comme c’est le cas pour le programme Erasmus. Nos liens avec l’Union européenne vont se détériorer, voilà ce que le gouvernement souhaite. »
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