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« Députés sortants font leurs cartons »

Le lundi 10 juin, l’étrange calme qui règne dans le Palais-Bourbon suite à la déclaration étonnante d’Emmanuel Macron, appelant à la dissolution de l’Assemblée Nationale après l’humiliante défaite du camp macroniste aux élections européennes face à l’extrême droite, suggère quelque chose de suspect.

Dans le haut lieu de rencontre des journalistes et des législateurs, la salle des Quatre-Colonnes, seulement quelques députés ont le courage de s’attarder devant les appareils de presse. Ils ignorent encore que le décret de dissolution paru dans l’après-midi du lundi leur interdit désormais, selon le règlement de l’Assemblée, d’être interviewés à cet endroit, tout comme leurs collaborateurs. Comparant sa situation à celle d’une tablette effervescente qui se dissout dans l’eau, Philippe Brun, un député socialiste de l’Eure, tourne en dérision l’inattendue décision du président Macron d’organiser des élections anticipées juste avant les Jeux Olympiques.

Suite à la parution du décret de dissolution le 10 juin et celui pour la convocation des élections les 30 juin et 7 juillet, les députés de la 16e législature, maintenant dépossédés de leurs mandats, se retrouvent engagés dans un enchaînement de démarches administratives. Alors que M. Brun et ses collègues se préparent à une semaine chargée, il doit entre autres récupérer ses affaires et licencier ses quatre collaborateurs dont les contrats arrivent à échéance dès le vendredi. Un sentiment d’incrédulité généralisée plane alors sur eux.

En ce moment, une assemblée de près de quarante législateurs de Renaissance se réunissent pour débattre de la prochaine étape, tous surpris par la déclaration abrupte de la dissolution. Certains députés sont bouleversés de devoir renoncer à leur siège parlementaire, tandis que d’autres se demandent comment obtenir un prêt pour financer leur campagne en un délai si court.

Eric Woerth, député Renaissance de l’Oise, parle de « stupeur ce matin lors de la réunion du groupe. Aucun d’entre nous ne s’attendait à un départ aussi brut pour une élection européenne. Nous étions en train de naviguer vers une impasse politique « . « Il n’y a plus de groupe. Tout le monde est en train de monter sa campagne pour repartir « , déclare le président du groupe Renaissance, Sylvain Maillard. Une dizaine de députés ne devraient probablement pas se présenter à nouveau en raison de « fatigue personnelle » et non pour des raisons politiques, souligne-t-il.

Tandis que les opposants s’intéressent vivement à l’attaque du parti présidentiel, affaibli par une nouvelle défaite électorale. « C’est fini, Macron a perdu », soutient Eric Coquerel, président de la commission des finances. « La macronie disparaîtra totalement de l’Assemblée », renchérit M. Brun. Au sein de Renaissance, l’idée principale reste la même : « Il y a bien sûr une peur que l’extrême droite arrive au pouvoir, c’est pourquoi tout le monde doit se mobiliser, que ce soit au sein de la majorité ou dans les autres partis », souligne Éléonore Caroit, députée Renaissance des Français résidant à l’étranger.

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