Mercredi 15 mai, l’Assemblée a entamé le débat sur le projet de législation agricole proposé par le gouvernement, rejetant de manière décisive une motion d’opposition présentée par le parti écologiste, qui cherchait à mettre fin à la discussion. La proposition a été écartée car elle n’a rassemblé que 84 soutiens, tandis que 224 députés se sont exprimés contre.
En réponse à la frustration exprimée par les agriculteurs lors des manifestations hivernales, le gouvernement a présenté un texte qui cherche à relever les « deux défis majeurs » auxquels le secteur est confronté : le « défi démographique », en tenant compte du fait qu' »au cours de la prochaine décennie, presque la moitié des exploitants agricoles pourraient prendre leur retraite » ; et le défi d’adaptation aux « grands changements du siècle », tels que le « changement climatique », les « questions de biodiversité », les « risques géopolitiques », a déclaré le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau.
La députée Marie Pochon (Europe Ecologie-Les Verts, Drôme) a pris la défense de la motion de son parti, critiquant fortement la « désillusion » du gouvernement et une loi qui continue à « détricoter le droit de l’environnement plutôt que d’engager enfin une transition substantielle vers l’agriculture biologique, qui n’était même pas mentionnée dans le projet de loi initial ».
La France Insoumise (LFI), les socialistes et les communistes ont apporté leur soutien aux écologistes. « En collaboration avec le leadership de la FNSEA, le seul syndicat qui plaide pour la disparition de ses propres membres, vous avez déterminé votre trajectoire : celle de la décrépitude programmée de l’agriculture familiale au profit de l’agrobusiness », a déclaré Loïc Prud’homme (Gironde, LFI).
« C’est une loi absurde ».
André Chassaigne, le leader du groupe PCF, a exprimé son mécontentement face au soutien du gouvernement pour les accords de libre-échange qu’il estime nuisibles pour notre agriculture. Par ailleurs, le socialiste Dominique Potier a exprimé son désaccord avec une loi qu’il juge inapte, car elle ne traite pas la question cruciale du foncier. Il a également souligné que le tiers de l’espace agricole français changera de propriétaire dans la prochaine décennie.
La motion a également été critiquée par le Rassemblement national. Grégoire de Fournas a dénoncé le vide de contenu du texte, indiquant qu’il n’aborde pas des questions clés comme la concurrence déloyale, les surtranspositions du droit français par rapport au droit européen, la décroissance agricole et l’absence de prix rémunérateurs pour les agriculteurs. Cependant, leur vote contre cette motion ne préjuge en rien de leur opinion négative sur le projet de loi, qui devrait se refléter dans le vote final sauf changement notable.
Francis Dubois, député des Républicains, a critiqué la vision dogmatique des écologistes tout en formulant l’espoir que le débat pourrait améliorer la proposition de loi. L’analyse du texte se prolongera jusqu’au 22 mai.
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