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« Procès trafic cocaïne: dix ans requis »

Suite à un long procès de trois mois sur un important trafic international de cocaïne, orchestré entre San Pedro et Abidjan, la fin est en vue. Dix-neuf personnes et quatre entreprises sont impliquées. Le lundi 15 avril, les conclusions de l’avocat de l’État de Côte d’Ivoire ont été présentées, suivies par le parquet de la juridiction pénale économique et financière d’Abidjan, qui a demandé dix ans de prison pour treize des accusés.

« Le vin et les femmes seront ta destruction », a déclaré Me Abdoulaye Ben Meite, l’avocat reprensentant l’État de Côte d’Ivoire, en s’appuyant sur un verset de l’Ancien Testament pour commencer sa plaidoirie. Cette affaire a été déclenchée par une bagarre dans un appartement situé à Koumassi, quartier d’Abidjan, lors de laquelle Gustavo Alberto Valencia Sepulveda, l’un des principaux accusés, a frappé une prostituée suite à un malentendu sur les conditions de leur arrangement.

Suite à la déclaration de la victime, la police ivoirienne a perquisitionné la résidence de M. Valencia Sepulveda le 15 avril 2022, où les premiers blocs de la saisie de trois tonnes de cocaïne, liée à l’affaire pour lequel comparaissent les dix-neuf accusés, ont été découverts. Le présumé « cerveau » du trafic doit 60 milliards de francs CFA.

Me Abdoulaye Ben Meite a fait référence à une « femme du plaisir », nommée Mariam S (le nom a été changé pour sa protection). Prévue pour figurer sur le banc des plaignants pour les blessures infligées par M. Sepulveda Valencia, entrainant une incapacité totale de travail de trente jours, elle était absente. Il a fallu attendre la séance du 11 mars pour que la présidente du tribunal soit mise au courant de son absence. Elle a alors découvert, en même temps que le reste de l’audience, que Mme Sacko avait succombé en octobre 2023, bien que la cause exacte de son décès soit toujours indéfinie. Sans représentation de la famille de Mme Sacko, l’Etat de Côte d’Ivoire était la seule partie plaignante au procès.

Parmi les dix-neuf accusés, Me Abdoulaye Ben Meite a mentionné en premier Miguel Angel Devesa Mera, décrit comme le leader d’un réseau de trafic de drogue bien organisé, établi en Côte d’Ivoire depuis plusieurs années et fonctionnant à l’échelle internationale. Cependant, Meite a reconnu le fait que Mera ait « collaboré sans réserve pour faire éclater la vérité », fournissant des déclarations constantes et détaillées, condamnant onze de ses co-accusés.

Il demande donc à Miguel Angel Devesa Mera le paiement de 60 milliards de francs CFA (équivalent à environ 90 millions d’euros) et une contribution conjointe de 10 milliards de francs CFA (soit environ 15 millions d’euros) avec quatre de ses principaux associés – Gustavo Alberto Valencia Sepulveda, Aitor Picabea, Jose Maria Cadabal Muniz et Perez Garcia Helbert – ainsi que son entreprise fictive, Kibor Africa.

Parmi les dix-neuf personnes mises en accusation, seul Lamand Bakayoko, ex-chef de la section antidrogue de San Pedro, pourrait être acquitté, puisque Miguel Angel Devesa Mera l’a innocenté dans son témoignage et que le procureur a plaidé pour sa libération. En revanche, tous les autres ont été reconnus coupables par le bureau du procureur. Quatorze d’entre eux sont accusés de trafic international de drogue et de conspiration criminelle.

La confiscation des biens des coupables au bénéfice de l’Etat
De façon étrange, treize des accusés se sont vu imposer la même peine par le bureau du procureur : dix ans de détention et une amende de 100 millions de francs CFA (soit environ 150 000 euros). Miguel Angel Devesa Mera, considéré comme le cerveau du réseau et ayant admis toutes les charges retenues contre lui, et son principal collaborateur Gustavo Alberto Valencia Sepulveda, jugé coupable de « voies de fait et blessures intentionnelles », se retrouvent ainsi à la merci de la même sanction que le cuisinier de Pasta e Pizza, contre lequel aucune preuve compromettante n’a été trouvée.

Quant aux autres, ils devraient recevoir des peines plus douces. Le procureur a demandé cinq ans d’emprisonnement et une amende de 50 millions de francs CFA (équivalent à 76 millions d’euros) pour Marcelle Akpoué, une des partenaires de Kibor Africa, et trente-six mois d’emprisonnement et une amende de 10 millions de francs CFA (soit environ 15 000 euros) pour Yannick Agrey Dago, directeur régional de la Compagnie ivoirienne d’électricité, accusé d’avoir aidé Miguel Angel Devesa Mera à acquérir une maison à San Pedro. Dans les deux cas, le bureau du procureur a retenu l’accusation de complicité de trafic de drogue.

À l’égard des entrepreneurs jugés pour évasion fiscale, la justice a sollicité une peine de deux ans de prison ferme et une amende de 30 millions de francs CFA (environ 45 000 euros), en plus d’une pénalité supplémentaire de 30 millions de francs CFA pour les entreprises. La procureure de la République a déclaré que tous les biens des coupables de trafic de stupéfiants seraient confisqués au bénéfice de l’Etat de Côte d’Ivoire.

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