Toutes les vidéos suivent un même schéma: l’image d’un manifestant dénonçant Nicolas Maduro, le chef du gouvernement vénézuélien, dans la rue ou d’un utilisateur des réseaux sociaux critiquant le régime. Ensuite, cette personne apparaît à l’écran, filmée devant le logo de la police, l’air repentant, demandant pardon au président de l’État. Le tout est enrichi par des images ou des bandes sonores de films d’horreur, provenant par exemple d’un film avec Freddy Krueger ou de Chucky.
Environ une vingtaine de vidéos de ce genre ont été publiées par le site Armando.info, uploadées par divers comptes officiels de différentes agences de sécurité vénézuéliennes. Comme le précise Rafael Uzcategui, sociologue et défenseur des droits de l’homme, « le régime utilise la terreur pour contrecarrer toute tendance à la protestation, avec une dimension médiatique qui n’existait pas auparavant », ajoute Uzcategui, co-directeur du Laboratorio de Paz. « Au contraire des “dictatures traditionnelles” qui essayaient de masquer les abus de pouvoir, ceux-ci sont aujourd’hui mis en évidence pour intimider. »
C’est dans ce contexte que Edmundo Gonzalez, le candidat de l’opposition vénézuélienne qui revendique la victoire lors de l’élection présidentielle du 28 juillet contre Nicolas Maduro, a de façon surprenante et générale quitté le Venezuela le samedi 7 septembre : l’Espagne lui a accordé l’asile.
Dans le contexte actuel, les adversaires politiques sont désormais explicitement menacés, provoquant l’inquiétude de nombreux exilés concernant la sécurité de leurs proches restés au Venezuela. Le Président Maduro a adressé un message direct aux artistes et influenceurs vénézuéliens vivant à l’étranger et soutenant l’opposition le 20 août, les mettant devant le choix de poursuivre leur carrière tout en ayant leur famille au Venezuela. Lele Pons, influenceuse vénézuélienne très populaire, a été spécifiquement mentionnée après avoir réalisé un « live » avec l’opposante Maria Corina Machado, qui a attiré 10 millions de spectateurs.
M. Maduro ne cache plus son intention de continuer à promouvoir des politiques antidémocratiques, affirmant qu’il transmettra le pouvoir à un dirigeant chaviste, bolivarien et révolutionnaire lorsqu’il sera temps.
Depuis l’élection présidentielle du 28 juillet au Venezuela, on a assisté à une répression sans précédent contre tous ceux qui remettent en question la victoire de M. Maduro. Le Conseil national électoral a annoncé cette victoire immédiatement après le scrutin, sans fournir de preuves, tandis que l’opposition, qui dispose de 83 % des bulletins, soutient que c’est son candidat, Edmundo Gonzalez, qui est sorti vainqueur. En deux jours de protestations suite à cette annonce, les 29 et 30 juillet, au moins vingt-quatre personnes ont été tuées, souvent par des tirs. Un rapport de l’ONG Acled indique que les colectivos, des milices paramilitaires, seraient responsables de dix-neuf des décès, et évoque une répression « plus impitoyable » que celle des manifestations de 2019 contestées suite à la réélection de Nicolas Maduro.
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