Ayachi Zammel, l’un des deux candidats choisis par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) de Tunisie pour se mesurer au président actuel, Kaïs Saïed, lors de l’élection présidentielle du 6 octobre, n’a savouré sa liberté que brièvement. Suite à son arrestation le 2 septembre, il a été relâché trois jours après par le tribunal de La Manouba, situé dans la périphérie de Tunis, pour être immédiatement repris par la garde nationale.
Ayachi Zammel est impliqué dans plus d’une vingtaine de procès liés à la falsification des parrainages nécessaires pour valider sa candidature. Il a été immédiatement transféré à Jendouba, une ville du nord-ouest tunisien, à une distance supérieure à 150 kilomètres de la capitale. L’homme a été interrogé par un juge d’instruction dès le lendemain, le 6 septembre, avant d’être à nouveau mis en détention provisoire dans l’attente de son jugement. La situation a été décrite comme « pas une campagne, mais un film d’action » par Dalila Ben Mbarek Msaddek, une avocate et opposante politique, sur sa page Facebook.
Même si la campagne électorale tunisienne n’a pas encore officiellement débuté, l’augmentation des arrestations et des exclusions de candidats révèle une certaine anxiété du régime de Kaïs Saïed, à seulement un mois des élections. Selon Hatem Nafti, analyste et essayiste politique, l’auteur du livre « Tunisie. Vers un populisme autoritaire ? » (éd. Riveneuve, 2022), « Kaïs Saïed panique et cela se voit. Dans ses rencontres avec ses ministres, il parle de complots électoraux contre lui. Il aspire à l’emporter dès le premier tour, mais malgré les attentes de certains, il n’est pas sûr de gagner, car il ne possède pas le contrôle total du système. »
L’offensive de la campagne électorale est programmée pour le 14 septembre et elle a déjà connu plusieurs rebondissements lors de la soumission des dossiers de candidature. En dépit de plusieurs obstacles, 17 aspirants sont parvenus à présenter leur dossier, bien que certains d’entre eux ne soient pas complets. Le 10 août, lors de la publication de la liste provisoire, uniquement trois candidatures ont été approuvées par l’ISIE : Ayachi Zammel, un ex-député et leader d’un petit parti peu populaire, Zouhair Maghzaoui, un autre ancien député et chef du Mouvement du peuple, et Kaïs Saïed.
En fin août, une décision surprenante a été prise par le tribunal administratif de Tunis qui a réintégré trois autres candidats dans la course : Mondher Zenaïdi, un ancien ministre de Zine El-Abidine Ben Ali considéré comme le principal challenger du président sortant, Abdellatif Mekki, un ancien ministre associé au parti islamiste conservateur Ennahda, et Imed Daïmi, le vice-président du Hizb El-Harak, le parti de l’ex-président Moncef Marzouki. Cependant, même si cette décision de justice était supposée être définitive et aurait pu redistribuer les cartes d’une élection autrement sans suspense, elle n’a pas été mise en œuvre. Le 2 septembre, Farouk Bouasker, le président de l’ISIE, a publié la liste finale des candidats, ne retenant que ceux initialement sélectionnés malgré le verdict du tribunal administratif.
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