L’étude française qui proposait une estimation du nombre de patients de Covid-19 décédés suite à l’administration de l’hydroxychloroquine a été retirée par la revue Biomedicine & Pharmacotherapy le 26 août, une décision qui a été receve avec joie par les défenseurs du « protocole Raoult » , pendant qu’elle inquiétait des pharmacologues et des épidémiologistes qui pensaient que cette rétraction n’était pas nécessaire.
L’auteur de l’étude, Jean-Christophe Lega, un médecin épidémiologiste de l’université de Lyon-I, n’avait dissimulé aucune des incertitudes associées aux résultats de son travail publié début 2024. Lui et son équipe avaient conclu qu’il y avait eu 17 000 décès dans six pays, la France ayant enregistré 199 pertes, mais ils avaient accepté que l’écart de confiance était assez large, suggérant que le chiffre réel se situait probablement entre 3 000 et 30 000. Lega avait également noté que la qualité médiocre de nombreuses bases de données avait rendu impossible le calcul de ces chiffres pour des pays qui avaient prescrit massivement l’hydroxychloroquine, tels que le Brésil et l’Inde, laissant penser que le nombre de décès liés à ce traitement pourrait être encore plus élevé. Cela sans prendre en compte les prescriptions faites hors du cadre hospitalier.
Il convient de rappeler que toutes les recherches sérieuses n’ont pas réussi à prouver l’efficacité de l’hydroxychloroquine (HCQ) contre le Covid-19, tout le contraire a été prouvé. Didier Raoult avait notamment mis en avant cette molécule avec l’antibiotique azithromycine, montrant une possible toxicité cardiaque. Suite aux premiers décès enregistrés en 2020 par les systèmes de pharmacovigilance, le directeur de l’IHU Méditerranée a omis de prescrire cette thérapie à certains patients à risque.
Des courriers critiquant l’étude ont été envoyés. Jean-Christophe Lega avait comme but d’estimer le nombre de patients traités par la molécule et, en utilisant le taux de surmortalité fourni par une étude britannique (Axfors et al., Nature Communications, 2021), de déterminer combien parmi eux sont morts à cause du traitement. Sa méthodologie a été rapidement attaquée sur les réseaux sociaux.
Il raconte : « J’ai reçu très rapidement plusieurs emails assez similaires, parfois polis, parfois non, remettant en doute la validité de nos résultats ». Même la présidence de son université est submergée de critiques. Il rencontre des arguments similaires à ceux avancés par le statisticien Vincent Pavan, président de l’association Réinfo Liberté, ou diffusés par des sites pro-Raoult, tels que France-Soir et Bonsens.info. Ce dernier a même menacé, par le biais d’un avocat, d’obliger la revue à répondre à ses critiques.
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