×
google news

« Silence de Kabila alimente soupçons RDC »

Joseph Kabila, l’ex-président du Congo, est absent de sa patrie depuis presque trois mois, restant fidèle à son silence caractéristique. Néanmoins, il demeure l’objet d’attention de l’administration de son successeur, Félix Tshisekedi. La pression sur Kabila, ou le « raïs », comme il est familièrement appelé par ses supporters, a notablement augmenté depuis fin mars. Selon l’administration actuelle, Kabila serait l’instigateur principal de la guerre qui ravage l’est du pays.

Les accusassions vis-à-vis de Kabila sont subtiles, comme l’illustre le cas du général Christian Tshiwewe, commandant des forces armées, qui a mis en garde les militaires et les policiers sous son commandement contre la corruption et la trahison, sans directement mentionner l’ancien président. D’autres, comme Augustin Kabuya, secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS, le parti au pouvoir) sont plus explicite, accusant Joseph Kabila de soutenir le Mouvement du 23-Mars (M23), un groupe armé soutenu par l’armée rwandaise et contrôlant une partie de la province du Nord-Kivu.

Fin janvier, l’homme qui a été à la tête de la République Démocratique du Congo (RDC) pour une durée de plus de dix-sept ans était en Afrique du Sud pour valider le sujet de son doctorat à l’Université de Johannesburg. Il a ensuite fait une apparition en Namibie le mois suivant pour les obsèques du président Hage Geingob avant de disparaître de l’écran radar.

Le 5 avril, le nom de Joseph Kabila a été mentionné dans une vidéo publiée aux médias par l’armée congolaise dans laquelle les renseignements militaires questionnent Eric Nkuba Shebandu, qui a été arrêté en Tanzanie au début de janvier. Shebandu, qui était conseiller de Corneille Nangaa, ancien président de la commission électorale de 2015 à 2021 et actuellement à la tête de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), a soutenu que Joseph Kabila et John Numbi, ancien inspecteur général de la police, étaient associés à cette nouvelle plateforme politico-militaire dont le M23 est membre.

Ces allégations ont été immédiatement rejetés par l’entourage de Joseph Kabila, qui a nié toute connexion avec l’AFC. Un ancien député du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), affilié à Kabila et souhaitant rester anonyme, a déclaré que les services secrets intensifient leurs efforts et arrêtent les associés de l’ex-président dans le but de dissuader de futures adhésions potentielles.

En pratique, trois dirigeants du PPRD ont rejoint l’AFC et ont été vus en mars en compagnie de ses leaders lors d’un rassemblement à Kiwandja, une région du Nord-Kivu sous le contrôle du M23. « Toutefois, l’AFC a également dans ses membres des anciens de l’UDPS et du parti de Jean-Pierre Bemba, l’actuel ministre de la défense. Cela met en évidence la complexité des alliances politiques et démontre combien il est nécessaire d’être prudent avant de conclure à un soutien spécifique de la part de Kabila », décrit Trésor Kibangula, responsable du pilier politique d’Ebuteli, un institut de recherche congolais.

« Psychose »

Joseph Kabila, ancien insurgé qui est arrivé au pouvoir en 2001 suite à l’assassinat de son père, Laurent-Désiré Kabila, n’a jamais commenté la situation à l’est du pays, malgré la réapparition du M23 à la fin de 2021 et la création de l’AFC en décembre 2023. Son retrait de la scène politique congolaise deux ans après l’élection de Félix Tshisekedi en 2019, et malgré la coalition politique (FFC-Cach) que les deux hommes ont formée, a rendu ses interventions publiques aussi rares que ses visites.

La peur semble avoir saisi le clan au pouvoir, craignant une riposte brutale de Kabila à la suite des attaques qu’il a subies, selon un ex-député du PPRD. Même après l’interrogatoire de sa sœur jumelle et ancienne députée, Jaynet Kabila, par les services de renseignement le 15 mars, l’intrusion et le pillage des locaux de la Fondation Laurent-Désiré-Kabila par les militaires deux jours auparavant, et également l’altération et le détournement du véhicule ayant transporté le corps de son père pour ses obsèques, l’ancien président est resté silencieux.

Ce silence, autrefois en sa faveur, semble désorienter même ses lieutenants les plus dévoués qui s’attendaient à ce qu’il prenne un rôle plus en vue dans l’opposition ou influe davantage sur les prises de décisions politiques, économiques voire sécuritaires, déclare Trésor Kibangula. Malgré le fait que le PPRD, qui a évité les élections législatives fin 2023, ne possède plus de représentant à l’Assemblée nationale.

La seule personnalité encore publiquement active semble être l’épouse de l’ancien président, Olive Lembe Kabila. Lors de sa visite au début du mois d’avril à Goma, la capitale du Nord-Kivu, l’ancienne première dame a prié, depuis un camp de réfugiés du conflit entre le M23, le Rwanda et la RDC, pour que son mari revienne au pouvoir.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Lire aussi

example 54
Actualité

« Recette miracle pour mélanger eau-huile »

1 mai 2024
Abandonnons une croyance populaire erronée. Jusqu'ici, on croyait que l'huile et l'eau étaient immiscibles. Même en les mélangeant, les gouttelettes produites ne se maintenaient pas longtemps. Elles se regroupaient soit…
example 53
Actualité

« Siège à Istanbul contre rassemblement syndical »

1 mai 2024
Un 1er mai sans précédent s'est produit à Istanbul en raison d'une démonstration de force exceptionnelle. Des barrages policiers, des vérifications strictes, des rues interdites à la circulation, et des…