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« Mal-être au travail influence élections »

Eliane (pseudonyme), une femme de 52 ans qui n’a jamais été impliquée dans la politique, retrace son histoire. Sa société, La Halle, en détresse financière, a été acquise par le Groupe Beaumanoir en 2021. Eliane, qui travaille comme préparatrice de commandes dans l’Indre, a gardé son emploi malgré la reprise. L’insatisfaction d’Eliane ne réside pas dans ses longues années de travail à horaires irréguliers, mais dans le traitement des employés par la société. Elle considère qu’il est normal qu’une entreprise veuille profitér, mais elle critique vivement le mode de fonctionnement.

Eliane s’insurge contre les actionnaires qui se sont priorisés, oubliant les 294 de ses collègues de l’Indre qui ont perdu leur travail. Elle commente l’écart entre ce que l’entreprise prétend être et ce qu’elle est réellement, dénonçant l’accent mis sur la productivité plutôt que sur la sécurité. En outre, elle exprime son indignation face au manque de respect manifesté par l’entreprise, notamment par le fait qu’elle n’est jamais tenue au courant à temps des développements au sein de l’entreprise.

Ce cumul de frustrations a incité Eliane à modifier son comportement électoral. Pour la première fois en 2022, elle a voté pour Marine Le Pen, du Rassemblement national (RN), contre Emmanuel Macron, lors du second tour des élections. Elle déclare désormais qu’elle votera systématiquement à gauche au premier tour des élections législatives et, si nécessaire, contre Macron.

« L’aspiration à l’équité démocratique au travail »
Les motivations pour voter ou s’abstenir ne sont pas uniquement ancrées dans le contexte géographique ou dans les enjeux économiques. À l’instar d’Eliane, plusieurs Français interviewés ces dernières années par Le Monde, recontactés depuis le 9 juin, sont convaincus que la perception de leur environnement professionnel a influé sur leur choix. « Les personnes recherchent l’équité démocratique dans leur milieu de travail, ils souhaitent exprimer leurs opinions sur ce qui les concerne, notamment la gestion ou la répartition des bénéfices. Tout cela façonne leur sens du juste et de l’injuste. L’expérience politique née de cela est plus intense que celle de simplement voter tous les cinq ans », souligne Isabelle Ferreras, professeure à l’Université catholique de Louvain (Belgique) et chercheuse associée au Center for Labor and a Just Economy auprès de l’Université d’Harvard (États-Unis). Comment envisager que le sentiment quotidien de non-respect dans son emploi n’influence pas le comportement électoral?
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