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« Biennale « Roma amor »: Chute des Empires »

La base militaire de la citadelle de Bonifacio, désertée depuis le milieu des années 80 suite au départ de la Légion étrangère, son dernier résident, a été réaffectée depuis deux ans. Elle est désormais gérée par De Renava, une organisation formée par un groupe d’amis d’enfance, tous maintenant dans la trentaine et experts en art et ingénierie culturelle. Sous la direction de Prisca Meslier et Dominique Marcellesi, ils organisent la deuxième édition de leur biennale d’art contemporain, en invitant une vingtaine d’artistes et en proposant des expositions suffisamment pointues pour attirer les amateurs d’art et les curieux.

La toute nouvelle exposition de la jeune biennale, « Roma amor », explore les dynamiques responsables de la chute des empires. Elle nous incite à voyager à travers le temps dans cette ville, cible de nombreuses puissances au fil des ans, depuis une île qui a vu naître un empereur, Napoléon Bonaparte. Selon le commissaire de l’exposition, Prisca Meslier, le but de la biennale est d’aborder un sujet qui a ses racines dans notre territoire et de s’inspirer du folklore méditerranéen.

Avec son titre palindrome, l’exposition promet une exploration bidirectionnelle entre la mythologie ancienne et les visions contemporaines. Le mot « Roma » évoque l’empire romain, symbole de la Méditerranée, tandis que « amor » renvoie à l’amour, à la grandeur du passé et à la mort, comme celle causée par un coup fatal. Prisca ajoute : « La chute d’un empire a un aspect prophétique car c’est un rêve qui contient en lui-même les germes de sa propre destruction ». Une oeuvre notable de l’exposition est une cloche faite à partir de munitions.

L’idée du palindrome laisse place à deux interprétations : on peut imaginer un affaiblissement provenant de l’intérieur, débutant par une dégradation morale de la société se terminant par un état d’effondrement, propice à une renaissance. Ou bien, un désordre provoqué par des facteurs externes, tels qu’une catastrophe naturelle ou une invasion, amorçant ainsi une perte de repères avant de donner lieu à l’émergence de nouveaux modèles de société.

Un itinéraire propose ces deux parcours via six sites patrimoniaux de la citadelle. Le premier itinéraire commence par la Caserne Montlaur présentant un portrait de taille – Napoléon 1er en robe de couronnement (1805), réalisé par l’atelier de Jacques-Louis David (1748-1825), le peintre officiel de l’Empire, qui le représente ici vêtu d’une robe pourpre, à l’image d’un empereur romain. Le deuxième itinéraire débute à la chapelle Saint-Barthélemy, où l’artiste kurde irakien Hiwa K expose une cloche en cuivre de 700 kilos, fabriquée à partir de munitions de guerre irakiennes, symbolisant une renaissance sous une forme à portée spirituelle. En face, la vidéo « Soleil Noir » de Laurent Grasso, filmée au-dessus de Pompéi par un drone, suit un chien errant au travers des ruines. Dans les deux sens, le parcours renvoie à des jeux dialectiques entre décadence et émancipation, vandalisme et héroïsme, ruines et fondements, présents dans chaque civilisation.

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