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« L’affaire Deborah de Robertis divise l’art »

Le 29 mai 2014, Deborah de Robertis, presque dénudée, avait dévoilé son intimité sous L’Origine du Monde (1866), le fameux chef-d’œuvre de Gustave Courbet, exposé au Musée d’Orsay à Paris. Le geste audacieux de l’artiste franco-luxembourgeoise visait à critiquer la position des femmes dans le domaine artistique. Après quelques heures en détention, elle avait reçu un avertissement légal.

De façon ironique, exactement dix ans plus tard, le même jour, Deborah de Robertis, alors âgée de 40 ans, a été accusée de « détérioration de biens culturels commis en groupe » et « vol d’un bien culturel en groupe ». Ces charges sont liées à un autre acte de protestation qu’elle a mené le 6 mai, lors de l’exposition « Lacan », organisée par Bernard Marcadé et sa femme, Marie-Laure Bernadac, au Centre Pompidou-Metz.

Tandis que deux de ses collaborateurs griffonnaient le slogan « #metoo » sur cinq œuvres, dont L’Origine du Monde – préservée derrière un vitrage –, Deborah de Robertis volait une broderie d’Annette Messager, sur laquelle était inscrite « Je pense donc je suce ». Peu après, dans un post Instagram, l’artiste proclame qu’elle ne rendra pas l’œuvre, dont le propriétaire est le commissaire de l’exposition, Bernard Marcadé.

L’artiste a partagé une vidéo de 17 minutes sur Vimeo qui date de près de dix ans pour expliquer son geste. Cette vidéo, qui a depuis été supprimée de la plateforme, a été décrite comme une œuvre d’art et dévoile la relation personnelle de l’artiste avec Bernard Marcadé. Dans le film, on voit Marcadé vêtu, allongé sur le lit tandis que c’est elle qui est dénudée derrière la caméra. L’échange entre eux est explicite et la caméra fait un zoom sur une broderie d’Annette Messager accrochée au-dessus du lit.

Par ailleurs, le nom de Bernard Marcadé apparaît aussi dans un long texte sur le blog de Mediapart avec les noms de six autres hommes célèbres. Cet article a cependant été retiré en raison de violation de la vie privée. Deborah de Robertis, l’auteur, y accuse ces hommes d’exploiter des femmes artistes dans le but d’obtenir des faveurs sexuelles plutôt que d’apprécier leur art. Parmi ces hommes, il y a Fabrice Hergott, directeur du Musée d’art moderne de Paris ; Juan d’Oultremont, ancien professeur à l’Ecole de recherche graphique (ERG) de Bruxelles ; Jean-Yves Langlais, ancien directeur de la Cité internationale des arts ; John Sayegh-Belchatowski, un marchand privé français, ainsi que des collectionneurs François Odermatt (Canada) et Alain Servais (Belgique).

De Robertis a signalé cinq de ces hommes au parquet de Paris le 3 mai. Cependant, le bureau du procureur de Paris contacté par Le Monde indique n’avoir aucune trace de cette plainte. L’article n’est pas terminé, la suite étant réservée aux abonnés.

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