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« Cannes 2024: ‘La Prisonnière de Bordeaux’, Fausse Fraternité »

FESTIVITÉS DU CINÉMA: LA QUINZAINE DES RÉALISATEURS
Ce samedi 18 mai, l’auditoire du film experimental de la Quinzaine des Réalisateurs devrait s’attendre à un grand chef-d’œuvre cinématographique, La Prisonnière de Bordeaux, signé Patricia Mazuy, avec des performances étoilées d’Isabelle Huppert et Hafsia Herzi. La crème de la crème cannoise ne devrait pas sous-estimer Mazuy. Née à Dijon en 1960 et fille de boulangers, elle a commencé son parcours en tant qu’étudiante à l’HEC Paris avant de basculer vers le cinéma.

Sa filmographie, qui ne compte que sept longs métrages en 35 ans, démontre une progression réfléchie et délibérée. Cela dit, sa carrière est caractérisée par un féminisme militant et une intensité virulente. Ses thématiques sont variées, allant du sombre et lugubre (Peaux de vaches, 1989 ; Bowling Saturne, 2022), à l’excentrique (Basse-Normandie, 2004 ; Paul Sanchez est revenu !, 2018), au réfléchi (Saint-Cyr, 2000 ; Sport de filles, 2011).

La Prisonnière de Bordeaux marque une réunion des contraires. Elle met en scène Alma (Isabelle Huppert), la haute classe de Bordeaux, et Mina (Hafsia Herzi), une jeune mère de quartier. Leurs chemins se croisent dans le parloir d’une prison locale, toutes deux découvrant l’absence de leur conjoint. Le premier, un neurologue fortuné et infidèle, est coupable d’avoir causé un accident de voiture en état d’ivresse. Le second est un voleur armé. Malgré un contexte peu favorable, un lien improbable se forme entre elles. Rien d’étonnant pour Patricia Mazuy qui n’a jamais peur de prendre des risques.

Vide existentiel.

Alma, dans une vague de solitude, invite Mina et ses deux enfants à la maison, qui vivent loin de la prison. Elle lui arrange également un emploi dans la clinique de son époux. Après que son mari a été emprisonné, Alma a commencé à réaliser qu’elle n’avait aucun sens à sa vie, ce qui la sensibilise à l’attention des autres. D’un autre côté, Mina accepte cette invitation avec pragmatisme et un sentiment d’urgence. Elle est pressée par Yacine, le frère d’un collègue de son mari tué pendant un cambriolage, qui réclame sa part du butin, naviguant le plus rapidement et le plus précisément possible.

Le film raconte principalement cette amitié unique. Les deux actrices ne sont certes pas irreconnaissables, mais elles apportent quelque chose de nouveau à leur image. Huppert, dont le personnage semble anesthésié par le confort et la tristesse, agit au ralenti. Herzi, qui est ici tressée et prolétarisée, perd sa langueur charmante et semble plus dure et revitalisée. Le film commence avec une notion contemporaine de sororité, mais finit par nous guider inconsciemment vers les vieux problèmes sociaux que nous avions perdus de vue à cause d’une parenthèse faussement enchantée. Alma en ressort blessée, mais éveillée. C’est beau et bon, bien qu’un peu court.

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