Alors que plusieurs dirigeants du Rassemblement National (RN) sont sur le point d’être jugés pour une affaire concernant des adjoints parlementaires européens fictifs, des informations accablantes sur Jordan Bardella font surface. Selon un article publié par Libération lundi 9 septembre, le leader du RN aurait été impliqué dans la fabrication de faux documents attestant de son travail en tant qu’assistant parlementaire européen, une accusation qu’il qualifie de « tentative de déstabilisation ».
L’article est tiré du livre « Machine à gagner », qui devrait être publié le 13 septembre et qui examine la stratégie du RN pour prendre le pouvoir, écrit par le journaliste Tristan Berteloot.
D’après Berteloot, Jordan Bardella aurait contribué, après le fait, à la création de documents forgés et antidatés prétendant prouver des tâches qu’il n’aurait pas réellement effectuées en tant qu’assistant parlementaire de Jean-François Jalkh, un ancien eurodéputé du RN, pendant quelques mois en 2015. Parmi ces faux documents, on trouverait notamment des revues de presse périmées et de faux emplois du temps.
Libération cite également un message d’un stagiaire travaillant pour l’avocat belge Ghislain Dubois. Celui-ci aurait déclaré dans une conversation en ligne avec d’anciens membres du parti qu’il avait « fabriqué de faux dossiers pour des assistants qui n’ont jamais travaillé pour le Parlement européen ». Ghislain Dubois n’était pas disponible pour commenter immédiatement ces allégations.
Le RN a répondu lundi dans un communiqué que le travail de Jordan Bardella était « sans aucune violation ni irrégularité, tant du point de vue du règlement du Parlement européen que de la loi française ».
Le préjudice est estimé à 6,8 millions d’euros.
« Les allégations portées contre moi sont incorrectes et diffamatoires. Ni le Parlement européen ni le système judiciaire français n’ont émis d’objections concernant la légitimité de mon travail. Personne ne tombera dans le piège de cette tentative maladroite de déstabilisation », a déclaré le président du RN sur X, faisant référence au procès imminent concernant les assistants parlementaires du Front National (maintenant Rassemblement national), qui devrait commencer le 30 septembre.
Les juges soupçonnent le parti d’extrême droite d’avoir mis en œuvre un « système de détournement » des fonds (21 000 euros par mois) octroyés par l’Union Européenne à chaque député pour payer des assistants parlementaires. Ces assistants auraient en fait travaillé en tout ou en partie pour le Front National (FN, prédécesseur du RN), permettant au parti d’économiser de manière significative sur les salaires. Le Parlement européen a estimé en 2018 que le préjudice s’élevait à 6,8 millions d’euros.
Parmi les accusés figurent Marine Le Pen, Louis Aliot, actuel vice-président du RN, l’ancien numéro deux du parti Bruno Gollnisch, ainsi que le député et porte-parole de l’extrême droite Julien Odoul. Jordan Bardella, quant à lui, n’a pas été impliqué par l’enquête qui a commencé en mars 2015.
« Nous allons donc nous présenter au tribunal pour affirmer que nous n’avons commis aucune infraction (…) Je suis très confiante quant à notre innocence », a déclaré dimanche Marine Le Pen à La Tribune, dénonçant une procédure « profondément injuste ». La leader du RN est accusée de détournement de fonds publics et de complicité. Elle risque notamment une peine d’inéligibilité de cinq ans.
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