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Exploration des Vosges : harmonie entre nature et industrie

En naviguant le sentier qui conduit au point culminant du Hohneck, Mathieu Dischinger s’arrête pour ramasser un objet qui ressemble, de prime abord, à une roche. Il explique que l’on trouve fréquemment dans le massif des Vosges, des vestiges d’obus comme celui-ci. L’accompagnateur de montagne, natif de la vallée de Munster (Haut-Rhin), est le fils d’un homme qui a été contraint de rejoindre l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.

La nature qui nous entoure ressemble à une carte postale : un rassemblement de vaches vosgiennes identifiables par bandes blanches sur leur dos et leur ventre, la auberge-ferme du Schiessroth où les randonneurs commencent à se rassembler pour le déjeuner, et les chaumes, ces prairies et pâturages vinifiés depuis des centaines d’années par les marcaires (agriculteurs de montagne). Le seul élément qui manque pour compléter ce panorama bucolique de forêts, de crêtes rocheuses et d’affleurements, qui offre une vue dégagée sur le ciel bleu et l’horizon, ce sont les chamois.

Depuis deux jours, nous nous promenons dans le parc naturel régional des Ballons des Vosges, près du col de la Schlucht (signifiant « gorge » en allemand). Cette expérience nous amène non seulement à explorer des paysages d’une immense beauté, mais également à traverser les cicatrices de la Grande Guerre. Ici et là, parmi les campanules et les marguerites, dans une forêt de feuillus et de sapins aux couleurs flamboyantes, le fer et la pierre racontent une histoire parsemée de restes de forts allemands, de blockhaus, de barricades, de tranchées et de trous d’obus, recouverts de mousse verte par une nature résiliente.

Cette couverture verte fraîche, aromatisée d’aiguilles de pin et d’écorce, redonne à ce panorama, ravagé par la guerre de 14-18, toute sa splendeur et sa sérénité sans vraiment faire disparaître les marques du passé. C’est à la fois poétique et touchant, en particulier sous le soleil brillant d’août.

« Les restes font partie du paysage: mes enfants s’amusent dans la forêt entourant ces rochers ; ils savent qu’ils ne doivent ni toucher ni ramasser les vieux objets sur le sol, car ils pourraient être des obus », explique Lola Parolini, dont l’arrière-grand-père italien s’est installé à Orbey, dans la vallée de la Kaysersberg (Haut-Rhin), dans les années 1920.

Notre itinéraire pour la journée commence dans le massif de la Tête-des-Faux, le long du chemin commémoratif menant à l’étang du Devin et au cimetière national du carrefour Duchesne. Ici, on évoque plus volontiers le « cimetière de Duchesne », où sont enterrés, à l’ombre apaisante des pins, 408 soldats français tombés pendant les batailles de la première guerre mondiale en Haute-Alsace.

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