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Philippe Collin, sens de l’histoire

Vêtu d’un costume aux tons marine rehaussé par une chemise bleue pâle, il tient à la main une paire de lunettes qu’il manipule sans se décider à les porter. Cet accessoire suggère aux téléspectateurs de « La Grande Librairie » qu’ils ont affaire à un homme de lettres. Cependant, son habillement raffiné et sa pose élégante ne sont pas ceux que l’on attribue couramment à un bibliophile, et peu d’historiens ou de journalistes peuvent se vanter d’autant d’élégance.

Sur le plateau du programme littéraire de France 5, le 2 mai, le style de Philippe Collin offre un harmonieux équilibre entre l’aspect d’un homme d’affaires et celui d’un intellectuel – une allure qui pourrait être comparée à celle d’un académicien coquin. Invité pour la présentation de son premier roman, Le Barman du Ritz (Albin Michel), le journaliste affiche son identité à l’antenne: un enseignant passionné par son sujet, la vie parisienne durant l’Occupation.

Malgré ses 49 ans, son sérieux lui confère une maturité plus avancée. Cela ne l’empêche pas d’avoir des raisons de se réjouir. Les podcasts qu’il produit pour France Inter connaissent un succès retentissant: « Face à l’histoire », le titre générique de ces séries qui ont débuté avec un portrait de Napoléon en 2021, a enregistré 20 millions de téléchargements cumulés. Les plus appréciés sont ceux sur Léon Blum et Louis-Ferdinand Céline. Ses portraits sonores de Pétain et Jean-Marie Le Pen ont également été très populaires.

Il est obsédé par les origines sociales de ses personnages.

Le créateur qui a conçu une nouvelle syntaxe pour la radio est désormais une figure emblématique de France Inter. Chaque épisode de son programme est structuré comme un récit dynamique, orné de phrases distinctives : « N’oubliez pas ce nom », « Pour conclure ce premier épisode, n’oubliez pas que… » Sans présomption, il guide son auditoire comme le ferait un professeur.

Ces « œuvres », conçues avec une précision remarquable, ont trouvé une place dans notre imaginaire. Par exemple, interrogée sur BFM-TV, la députée LFI Mathilde Panot a affirmé avoir une excellente connaissance de l’histoire de Léon Blum et du Front Populaire, car elle avait « écouté le podcast pendant qu’elle faisait du vélo » l’été précédent. Toutefois, lorsqu’elle a suggéré à Benjamin Duhamel, l’hôte de l’émission, qu’elle, Manuel Bompard, et Clémence Guetté avaient plus d’expérience parlementaire que Léon Blum en 1936, elle semblait oublier que le politicien avait dirigé le groupe SFIO à l’Assemblée nationale de 1919 à 1936. « C’est désastreux », a commenté Philippe Collin, nous retrouvant dans le bar de l’hôtel où nous avions prévu de nous rencontrer, qui n’est pas le Ritz. « Elle n’a sûrement pas bien écouté, car elle a dit des absurdités. »

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