Pourquoi et de quelle manière Assane Gueye a-t-il perdu la vie ? Une enquête judiciaire pour homicide involontaire devait être lancée le lundi 9 septembre par le bureau du procureur de Bobigny (Seine-Saint-Denis) dans le but de faire la lumière sur les conditions du décès de cet individu de 51 ans, survenu le samedi 17 août à la prison de Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne).
Il est déjà évident qu’Assane Gueye n’aurait pas dû être en détention ce jour-là. Jugé en audience immédiate au tribunal de Meaux, le jour précédent, pour agression sexuelle, violence et séquestration, il avait été condamné à trois ans de prison complètement assortis de sursis et aurait donc dû être libéré le soir même. Après avoir passé deux jours en détention provisoire en attente de son procès, il devait simplement retourner dans la prison pour effectuer les formalités nécessaires à son élargissement et récupérer ses affaires personnelles.
Cependant, sur le rapport pénal envoyé par le procureur à l’administration pénitentiaire, qui avait pour but d’informer cette dernière de la peine prononcée, le substitut du procureur présent à l’audience a indiqué une peine de trois ans dont deux avec sursis, avec maintien en détention. « Ma collègue a mal interprété, elle a commis une erreur et l’admet », admet le procureur de Meaux, Jean-Baptiste Bladier. Ce rapport pénal, rédigé à la main, ne fait l’objet d’aucune relecture de la part du président ou du greffier à l’audience.
« Contrôlé par des actions professionnelles »
Suite à son retour du tribunal le vendredi 16 août, Assane Gueye est resté en détention, avant de décéder le lendemain en début de soirée dans sa cellule. Le parquet de Meaux a indiqué dans un communiqué que son excitation et ses discours incohérents, ainsi que la dégradation de sa cellule, ont justifié l’intervention des agents de l’administration pénitentiaire. L’objectif de cette intervention était de transférer Gueye dans une cellule de protection d’urgence (CPROU), l’endroit habituellement réservé aux détenus présentant un risque de suicide imminent.
Pierre Kaced, un surveillant de la prison de Meaux et secrétaire local de la CGT-Pénitentiaire (qui ne faisait pas partie de l’équipe d’intervention), a relayé les événements de ses quatre collègues impliqués. Selon lui, dès que la porte de la cellule de Gueye a été ouverte, ce dernier s’est approché du bouclier. Les agents ont réussi à le maîtriser avec des gestes professionnels, sans user de violence. Ils ont immobilisé ses bras dans son dos afin de lui mettre des menottes. Gueye résistait, sa cellule étant inondée d’eau et de lessive, son corps rendu glissant par celle-ci. Il a été amené au sol de façon contrôlée, sans secousse ni impact. Peu de temps après, lorsque les agents ont décidé de le relever pour le transférer vers la CPROU, ils se sont rendu compte qu’il était inconscient. Malheureusement, toutes les tentatives de réanimation ont échoué.
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