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« Brigade Bear: Nouvel outil paramilitaire russe »

Du balcon de l’hôtel Sonia, on a une vue panoramique sur la piste de l’aéroport de Ouagadougou. Fin mai, les clients occidentaux qui fréquentaient régulièrement cette nouvelle institution située au cœur de la capitale du Burkina Faso sont absents, suite à l’accession au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre 2022.

A leur absence, une troupe d’environ trente hommes blancs vêtus de camouflage, le visage recouvert et portant des lunettes de soleil se distingue. Ces paramilitaires, qui se laissent capturer par la caméra, sont membres de la Brigade Bear, une entreprise militaire privée russe, malgré l’interdiction officielle de tels groupes dans le pays, et sont surveillés par le ministère de la défense russe.

Créée à l’origine en Crimée en mars 2023, la Brigade Bear est composée de volontaires militaires russes. Regroupés en différentes unités, ils combattent aux côtés de l’armée régulière dans la guerre en Ukraine et dans le Donbass. Des photos géolocalisées par Le Monde montre certains de ces combattants en entraînement dans le camp de Perevalne, en Crimée occupée, où le vice-ministre russe de la défense, Iounous-bek Evkourov, s’est rendu le 5 avril 2023.

Selon un message partagé avec des photos sur sa chaîne Telegram, la Brigade Bear a déclaré que M. Evkourov avait promis de leur fournir « soutien et aide ». Moins de deux mois plus tard, le 30 mai 2023, elle est officiellement reconnue comme la « 81e brigade spécialisée de volontaires ».

L’influence du renseignement militaire russe est visible.

Un rapprochement entre la Brigade Bear et Redut, une autre société militaire privée dirigée par Konstantin Mirzayants, a été observé durant cette période, selon plusieurs analystes. Redut, supervisée par l’unité 35555 du GRU, l’agence de renseignement militaire russe, agit comme un cadre semi-officiel pour intégrer des groupes de volontaires combatifs, semblable à ceux de la Brigade Bear.

« Redut apparaît comme un exemple de structure semi-officielle sous l’égide du ministère de la Défense, servant comme une sorte de sous-traitant aux avantages recrutement et de flexibilité », décrit Jack Margolin, un expert américain des groupes armés non-gouvernementaux russes. L’unité 35555 du GRU fournissait des armes et des munitions au Groupe Wagner dans le Donbass occupé dès 2014, une unité similaire à la Brigade Bear.

Les relations entre le renseignement militaire russe et ces groupes ne s’arrêtent pas là. Une vidéo publiée sur Telegram le 31 mai montre Viktor Yermolaev, le commandant de la Brigade Bear, serrant la main de Vladimir Alekseyev, le directeur adjoint du GRU, lors d’une cérémonie de remise de médailles.

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