Même les yakuzas cherchent désormais des profits moins importants. Un cadre de gang nommé Keita Saito du syndicat criminel Sumiyoshi-kai, la deuxième organisation criminelle la plus forte au Japon, a été arrêté le 26 avril par la police de Tokyo. On suspecte Saito d’avoir volé des biens à hauteur de 252 000 yens (1 500 euros), dont vingt-cinq cartes Pokemon. Ces cartes sont des produits dérivés très prisés des jeux vidéo Pocket Monsters initiés par Nintendo en 1996.
Il est plutôt inhabituel de voir un membre supérieur d’un gang, encore moins un cadre, incriminé pour un petit vol pareil. D’habitude, les yakuzas sont connus pour des activités comme le chantage, la prostitution, le trafic de drogues, l’usure, l’exploitation du travail journalier et la criminalité en col blanc. Ils dirigent aussi des restaurants, des bars, des entreprises de transport et même des agences de recrutement.
Malgré leur nature criminelle, les yakuzas sont généralement populaires car ils ne s’en prennent pas aux citoyens ordinaires. Ils sont souvent représentés et idéalisés dans de nombreux films, séries et mangas. Le succès de la série Tokyo Vice (HBO Max) témoigne de l’attrait continu des yakuzas, en emmenant les spectateurs dans le quartier animé de Kabukicho à Tokyo dans les années 90.
Cependant, l’univers des yakuzas est en déclin. En 1992 et 2011, le Japon a adopté des lois contre les « forces antisociales » – le terme officiel pour désigner la pègre – qui les empêchent d’ouvrir des comptes bancaires, de conclure des contrats immobiliers et même d’utiliser les autoroutes. Les entreprises ne sont plus autorisées à faire affaire avec elles.
D’après le rapport de l’Agence nationale de police, l’imposition de mesures de répression a conduit à une nette baisse des effectifs du crime organisé. De 87 000 en 2006, leur nombre a chuté à 22 400 en 2022, une diminution majeure par rapport au sommet de 184 000 enregistré au début des années 60. En outre, tout comme la population générale, les yakuzas vieillissent, avec les plus de 50 ans constituant 51,2% de leurs nombres en 2019, surpassant le seuil de 50% pour la première fois.
Face à ces défis, les gangs ont cherché à diversifier leurs opérations. En 2020, dix membres du Yamaguchi-gumi, l’organisation criminelle la plus puissante du pays, ont été appréhendés à Hokkaido (au nord du pays) pour pêche illégale de concombres de mer. L’exportation de ce délice marin est aussi rentable que le trafic de drogues. Les yakuzas ont également développé une expertise dans la retouche de photographies érotiques – une compétence qu’ils ont perfectionnée en travaillant sur les photos des hôtesses des bars qu’ils dirigent.
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