Née à Solingen en 1940, cette chorégraphe allemande emblématique a étroitement associé son nom à Wuppertal, une ville voisine, en mettant celle-ci sur la carte mondiale avec sa troupe, le Tanztheater. Cette pionnière de la danse-théâtre avait séjourné à New York et Essen dans la Ruhr avant de poser définitivement ses valises sur les rives du Wupper, en 1973. Là, elle a créé des performances mémorables, telles que Café Müller, teinté d’une mélancolie intense sur deux arias de Purcell, ou encore Nelken, où le sol est couvert d’œillets, et Vollmond, une pièce interprétée sous une pluie battante.
Malgré les nombreuses tournées et séjours artistiques à l’étranger, elle était constamment ramenée à cette ville, fondée en 1929 par la fusion d’Elberfeld et de Barmen, alors au sommet de son industrie textile. Ici, loin de l’agitation des métropoles, « Pina » trouvait des conditions de travail exceptionnelles, passant des heures enfermée au Lichtburg, un ancien cinéma transformé en salle de répétition. Dominique Mercy, l’un de ses danseurs de longue date qui réside toujours à Wuppertal, se souvient : « C’était la ville du quotidien. Au début, tout était gris : le ciel, la ville, les vieilles dames aux cheveux colorés. Il m’a fallu du temps pour m’y habituer. »
Arnold Pasquier, un réalisateur préparant un film documentaire sur Orphée et Eurydice, atteste que Wuppertal, une ville allemande qui fut reconstruite post-guerre suite à des bombardements, présente une première impression assez brusque avec la présence de l’usine Bayer à l’entrée. Néanmoins, des quartiers charmants comme le Luisenviertel se dévoilent lorsque vous vous aventurez loin de la gare centrale. Des cafés, boutiques et restaurants invitants créent un attrait certain pour ce coin chic, bobo.
Pina Bausch, inséparable de la ville, tout comme le Schwebebahn, son monorail suspendu, sont les icônes locales incontestables. Disposé le long de la vallée et serpentant sur 13,3 kilomètres, ce monorail offre une promenade captivante au-dessus du cours d’eau (schweben signifie « flotter » en allemand). Il a d’abord été conçu pour Berlin, mais a été finalement inauguré à Wuppertal par l’Empereur Guillaume II en 1900. En le prenant, vous arrivez à percevoir la ville sous un jour nouveau, avec des vieilles usines en briques rouges au bord de l’eau, la maison de Friedrich Engels, proche de Karl Marx dans le style régional, ainsi que les magnifiques villas situées sur des collines que l’on aperçoit au loin. En dépit de son âge, ce monorail est encore opérationnel, et on se sent à peine chaviré une fois à quai.
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