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« RDC: Policiers congolais seuls après casques bleus »

Les forces de police congolaises déployées dans la plaine de la Ruzizi fin février, en remplacement des troupes de l’ONU de la Mission de stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), vivent dans des conditions difficiles. Leurs portes et serrures ont été forcées, leur matériel électrique pillé et il n’y a ni nourriture, ni carburant, ni eau, ni électricité. Une première phase du retrait demandé par les autorités de Kinshasa, qui ne voient plus d’utilité ni de bienvenue à la Monusco, devrait être terminée le 30 avril, commençant par le départ des troupes de l’ONU du Sud-Kivu, une province de la RDC qui fait face à des violences armées.

Selon les autorités provinciales, quatre des dix bases dans la province ont été cédées aux autorités congolaises, dont celle de Kamanyola située dans la plaine de la Ruzizi. Deux mois après le départ des soldats de paix pakistanais de l’ONU, la base ressemble plus à un bidonville qu’à une station de police.

Bruno, un des policiers sur le terrain, prépare du foufou (pâte de maïs ou de manioc) dans une casserole sur le sol, qu’il a obtenu grâce à l’aide d’une église protestante locale. Sans partage, ses collègues risquent de mourir de faim. Après la préparation de leur repas, le petit groupe fait le tour de ce qui était une base de l’ONU il y a seulement deux mois. Ils marchent près de l’ancienne piste d’atterrissage des hélicoptères, où les plants de maïs qu’ils cultivent mesurent maintenant plus de deux mètres de haut.

« Bruno exprime vivement sa frustration, « J’ai laissé ma conjointe et mes fils à Uvira [75 kilomètres plus loin au sud], ils ont des difficultés là-bas et nous, on nous abandonne dans ces cabanes de carton! », signale-t-il en cognant le mur de l’un des préfabriqués qui leur sert de lieux de couchage. À l’intérieur, un civil assis sur un matelas allume un joint de cannabis. C’est aussi un agent de la « unité spécialisée d’intervention » déplacée à Kamanyola.
Il raconte que lui et ses camarades ont dérobé des matelas lors de la remise officielle, organisée le 28 février en présence d’officiers congolais de haut rang et de fonctionnaires supérieurs de l’ONU. « Si nous n’avions pas agi ainsi, aujourd’hui on ne dormirait que sur ces palettes cloutées », indique le policier.
À la fin du mois d’avril, plus de la moitié des 115 policiers sensés résider dans la base l’avaient abandonnée, a rapporté un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP). Et ceux qui sont restés se plaignent de leurs conditions d’existence et du manque de rémunération. « Un agent qui passe deux jours sans se nourrir alors qu’il est armé, il devient facile pour lui de s’en prendre à de paisibles citoyens » pour se procurer de la nourriture, critique Joe Wendo, un intervenant local de la société civile.
« Le retrait progresse bien »
Il rappelle que la Monusco a fourni à la police « trois Jeep », mais que les autorités congolaises n’ont jamais fourni de carburant. « Quand il y a une opération à accomplir, comment peuvent-ils se déplacer? C’est ça le souci », s’interroge Joe Wendo. »

La region frontalière entre le Rwanda et le Burundi, la plaine de la Ruzizi, est notoirement célèbre pour les actes de kidnapping et de braquage perpétrés là-bas. Cependant, aux dires de Gaston Cissa Wa Numbe, le ministre provincial responsable de la liaison avec l’ONU au Sud-Kivu, le retrait graduel de la Monusco est en bonne voie. Il admet l’existence de quelques défis logistiques, notamment en matière d’électricité et d’approvisionnement en eau potable, mais affirme qu’une solution a été mise en place.

L’étape suivante du plan de retrait de la Monusco concerne le Nord-Kivu. Dans cette région, la rébellion M23, soutenue par des factions de l’armée rwandaise, a pris le contrôle de vastes zones de la province au cours des deux dernières années.

Au début du mois d’avril, plusieurs bases de la Monusco dédiées à la protection de la capitale provinciale, Goma, ont été prises par la rébellion. Cela est survenu après que des soldats de paix indiens les ont abandonnées, allant à l’encontre des instructions de leurs supérieurs.

Après une présence de vingt-cinq ans, le Conseil de sécurité de l’ONU a entériné le départ des Casques Bleus en décembre 2023, malgré la crainte d’une escalade de la violence dans l’est du Congo. Juste avant le début du retrait, environ 15 000 hommes étaient déployés par la Monusco. En janvier, Kinshasa a exprimé le souhait que le retrait soit achevé d’ici la fin de l’année, sans qu’aucune échéance spécifique n’ait été fixée par le Conseil de sécurité de l’ONU. Contribuer.

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