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« Fin de vie: Amplifier la parole concernée »

Dans les débats sur la « fin de vie », il est important de ne pas oublier que le sujet principal est l’individu mortel qui est confronté à sa propre souffrance possible et à la mort inévitable. Cependant, dans ces discussions en France, les contributions principalement entendues proviennent du secteur médical français, prescripteur d’ordonnances. Est-ce à dire que les médecins ont le contrôle sur la vie et la mort ? Dans le cadre de la politique gouvernementale actuelle, la réponse serait oui, bien que dans un contexte différent de ce qui est généralement entendu par « pouvoir de vie et de mort » : ils ont le pouvoir d’imposer la continuation de la vie ou d’autoriser la mort à ceux qui souhaitent mourir.

Leur participation au débat est totalement justifiée en raison des soins qu’ils prodiguent, leur conscience et leur « serment », le serment d’Hippocrate : « Je ne causerai jamais délibérément la mort », un engagement symbolique fort soutenu par le commandement biblique « Tu ne tueras point ». Cependant, ont-ils réellement réfléchi au moment où, usés par le vieillissement constant, ils feront face eux-mêmes à l’attente qui se terminera inévitablement par la mort ? En général, comment ces personnes en pleine forme ou en pleine vieillesse peuvent-elles décider du sort de leurs semblables affaiblis et proches de la mort ?

Il est temps que la voix des personnes les plus touchées, les personnes gravement malades, les octogénaires, les nonagénaires, les centenaires, soit aussi largement diffusée que celle des personnes en pleine santé, qui ont un accès total à leurs claviers et à leurs capacités. Finalement, le choix du moment de sa propre mort devrait être pris en compte.

En tant que nonagénaire, je fais partie des personnes âgées qui sont en proie à l’arthrose, ressentant des douleurs intenses et multiples. Certains d’entre nous sont dans la perspective de la cécité ou du moins, l’altération de la vision. Beaucoup se retrouvent alités dans des lits médicalisés, en attente d’une aide soignante débordée de travail. D’autres se tiennent chez leurs dépandants, ressentant fortement le fardeau de leur non-autonomie. Sinon, nous restons seuls chez nous, entourés d’assistances sociales, mais tous affectés par la perte d’un conjoint ou d’amis et craignant un nouvel incident nous renvoyant sur le lit d’hôpital.

Nous nous déplaçons de manière hésitante, dans une vision embrouillée, dans un espace de plus en plus réduit après avoir abandonné la voiture. Cela se limite finalement à un fauteuil et un lit, et enfin, uniquement un lit. Même si je suis consciente des autres souffrances que je n’ai pas encore connues, c’est là que je m’arrête.

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