
Les années passent, et il devient de plus en plus difficile de renouveler le message des commémorations militaires sans retomber dans la constante répétition de valeurs reconnues. Au lieu de revenir sur la bravoure et l’héroïsme des soldats du 6 juin 1944, dont l’histoire est déjà racontée par le musée, le Mémorial de Caen a décidé d’explorer la vie de ces inconnus venus combattre sur le territoire français.
Que savons-nous vraiment de ces GI avant leur entrée dans l’histoire? Qui sont ces jeunes américains qui viennent débarquer sur les côtes normandes pour aider à libérer l’Europe du joug nazi? Connaissent-ils leur propre histoire, leur culture? Quelles sont les valeurs qui ont inspiré leur esprit et qu’ils ont ensuite partagées avec le Vieux Continent après ce moment crucial?
C’est un défi immense, particulièrement à un moment où les États-Unis se préparent à assumer un rôle international. En février 1941, dans le but de persuader ses compatriotes à abandonner leur isolement et à intervenir sur la scène mondiale, le magnat de la presse Henry Luce déclare avec bravade : « Avec l’effort de chacun d’entre nous, Roosevelt doit réussir là où Wilson a échoué. LE XXe SIÈCLE EST LE SIÈCLE AMÉRICAIN. »
Une déclaration qui résonne encore aujourd’hui.
L’exposition tire son sous-titre, « Under the Red White and Blue », de Francis Scott Fitzgerald, qui l’avait prévu pour son roman Gatsby le Magnifique, publié en 1925. Elle offre une perspective sur l’ère de l’entre-deux-guerres avec des références bien familières – Chaplin, Disney et King Kong, le Cotton Club et Jesse Owens, Henry Ford et Sacco et Vanzetti, la Grande Dépression à travers les lentilles de la photographe Dorothea Lange et de l’écrivain John Steinbeck, le Ku Klux Klan, Coca-Cola et le Monopoly – que rarement on assemble pour dépeindre une culture, une sensibilité, et une vision du monde qui, suite à la victoire de 1945, seront diffusées globalement.
Dans le but de relever ce défi, le Mémorial a collaboré avec des institutions européennes et américaines, dont la Smithsonian Institution, mais aussi les studios de Warner Bros et Paramount, ainsi que l’Académie des Oscars. Ces institutions se sont engagées dans le projet en contribuant à la sélection des pièces présentées au public. Grâce à des capsules vidéo courtes, on peut découvrir pourquoi certains de ces choix reflètent la manière dont cette période est perçue aujourd’hui aux États-Unis, conférant une dimension contemporaine à cette évocation de l’histoire.
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