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« Pause séries: héros, intrigues, usages du multivers »

Il se pourrait bien qu’il y ait un univers alternatif où Erwin Schrödinger (1887-1961) est aussi bien loué pour sa contribution à la mécanique quantique (comme c’est le cas dans notre réalité, le savant autrichien ayant remporté le prix Nobel de Physique en 1933) que pour son influence sur la littérature contemporaine. Dans cette dimension parallèle, le Pr. Schrödinger serait assis à un bureau décoré non seulement d’un prix Nobel, mais aussi d’Emmys et d’Oscars. Son chat, le célèbre Chat de Schrödinger, qui, enfermé dans une boîte, est simultanément vivant et mort, serait élevé au rang d’idole parmi les célébrités animales, aux côtés de Scooby-Doo, Lassie et du lion Clarence.

J’ai eu le Chat de Schrödinger en tête en regardant la deuxième saison d’Outer Range, le western perturbant disponible sur Prime Video. Parmi les nombreuses scènes marquantes, l’une d’elles montre un des personnages tentant de se débarrasser de son propre corps, en le jetant dans une faille spatio-temporelle. D’un seul coup, les scénaristes d’Outer Range intensifient le mal de tête des spectateurs, qui se retrouvent obligés de jongler épuisamment (mais de manière divertissante) entre les différentes époques et lieux, tout en trouvant une solution à un dilemme du scénario qui menaçait l’un des personnages les plus aimés de la série.

Je crois fermement que la majorité des auteurs qui utilisent les théories de multivers comprennent à peine le postulat de base de la physique quantique, à l’instar de ma propre compréhension. Néanmoins, cela importe peu. Que le prestigieux Oscar du meilleur film soit attribué à Everything, Everywhere All at Once en 2022 ou que le service public français injecte une dose de fraîcheur à ses programmes policiers en ajoutant un twist temporel (Vortex), le but principal est d’exploiter le potentiel enchanteur de ces concepts pour dynamiser la narration et réinventer les stratégies dramatiques.

Le multivers assouplit le récit de fiction
Le multivers a transformé la mort en une incertitude. On a été initié à ce concept avec la série Avengers, puis approfondi notre compréhension grâce à la série Loki, qui dépeint le rôle des bureaucrates préservant la cohérence des lignes de temps. Par conséquent, ce n’est pas choquant de voir Jared Harris resurgir dans les nouvelles saisons de Foundation, après avoir assisté à sa mort à la fin de la première saison. Il est donc possible de construire un point culminant de la saison en sacrifiant un personnage principal, tout en sachant qu’en cas de bonnes audiences, ce dernier pourrait revenir d’outre-tombe quelques mois plus tard, sous les auspices du mystère quantique. C’est sans doute plus élégant que le retour de Bobby Ewing dans Dallas suite à un rêve, qui avait permis à Patrick Duffy de revenir sur les écrans après avoir été tué. Aujourd’hui, on crierait « ton multivers cruel ».

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