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« Cannes 2024: ‘It Doesn’t Matter’, Fragments d’une Vie Américaine Difficile »

Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, des relations amicales et amoureuses sont entretenues via des écrans numériques. Notre protagoniste, Alvaro, converse avec son ami et acteur Christopher Abbott sur l’application Zoom. Une profonde et bouleversante connexion existante depuis l’enfance unit ces deux amis. Christopher demande à Alvaro de partager des vidéos de son errance à travers les Etats-Unis. Motivé par une sorte d’instinct de survie dont la cause est inconnu, Alvaro a choisi de capturer chaque aspect de son expérience, et c’est ce matériau brut, enregistré en temps réel, que le réalisateur et producteur américain Josh Mond structure sous nos yeux.

Un voyage effréné nous emmène de Hawaï à Portland, puis à Brooklyn, avec une étape à Las Vegas. En voix off, Alvaro partage ses péripéties, ses difficultés et ses nombreux emplois mal rémunérés. « It Doesn’t Matter » donne l’impression de n’avoir aucun poids : juste quelques giga-octets sur un disque dur. La création d’un film est alors réduite à de simples petits gestes : sortir son téléphone de sa poche, le réparer quand il est endommagé, et fouiller parmi le flot de vidéos et d’images qui encombrent nos smartphones pour rassembler les fragments dispersés d’une vie.

De manière instinctive, Alvaro capture son environnement immédiat : des segments de trottoirs, des visages, des fragments de conversation, des rencontres et des endroits perdus de cette Amérique sans prétention, sans attrait, que personne n’aspire à filmer. La caméra est instable et le cadrage est souvent mal fait. Cette forme brute suit son sujet et raconte la vie d’un homme à bout de forces, qui ne se sent chez lui nulle part, vend sa main-d’œuvre au plus offrant, dort là où il le peut, échoué dans une unité de stockage où sa seule préoccupation est de trouver des récipients pour uriner.

Alvaro retrace en off son parcours personnel : sa jeunesse passée au Honduras, son immigration aux États-Unis et l’abus subi par son beau-père. À travers ses souvenirs, nous sommes témoins de sa lutte pour survivre, tandis que lui-même tente de trouver un sens à son existence. Il croit fermement que, malgré sa marginalisation et son exploitation, il trouvera sa voie grâce aux podcasts de développement personnel, en faisant des exercices matinaux et en gardant un espace de vie impeccable.
Parfois, son quotidien filmé ressemble à un jeu vidéo, comme un défi de survie au sein de « l’American Dream ». Les actions d’Alvaro, souvent absurdes, reflètent celles d’un prolétariat mobile et dispersé à travers tout le pays. Il s’accroche désespérément à un rêve d’ascension sociale qui, ironiquement, a contribué à sa chute.
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