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« Festival de Cannes: Tragédie d’une Photographe Corse »

La Quinzaine des Cinéastes met en lumière Thierry de Peretti, acteur et metteur en scène théâtral qui est devenu cinéaste récemment. Originaire d’Ajaccio et né en 1970, il s’est fait remarquer dans l’industrie du cinéma avec son travail brillant sur l’intense et convaincant « Enquête sur un scandale d’Etat » en 2022. Avant cela, il avait également réalisé deux films à succès qui reflétaient ses racines corses – « Les Apaches » en 2013 et « Une vie violente » en 2017. Ces films, basés sur des faits réels et se déroulant respectivement à Porto-Vecchio (Corse-du-Sud) et Bastia, dépeignent avec noirceur la violence omniprésente sur l’île, mêlant nationalisme dur, criminalité organisée et incursions racistes.

Le cinéma de Peretti reste cohérent dans sa représentation du sombre climat social en Corse, avec une variation notable. Il fait passer la narration des jeunes hommes armés à une jeune femme, Antonia, photographe pour Corse Matin, dont la vie professionnelle et personnelle est profondément enracinée dans le milieu nationaliste corse.

Inspiré du livre homonyme de Jérôme Ferrari (Actes Sud, 2018), « A son Image », lauréat du Prix Littéraire Le Monde 2018, trace à travers les yeux de la protagoniste, d’abord amoureuse puis déchirée et impuissante, l’évolution du mouvement nationaliste, piégé par le dogmatisme et la paranoïa à l’aube des années 1990. Le récit de cette héroïne muette, plus habituée au langage des images qu’à celui de la révolution, est un récit de tragédie, évoquant Iphigénie ou Antigone. Pour bien saisir les implications, son sacrifice est dépeint dès les dix premières minutes du film.

Un spectacle envoûtant
La démarche de De Peretti n’est pas liée à l’efficacité d’un suspense. Il cherche plutôt à établir un mouvement de lamentation qui remonte le temps sans espoir de modifier son sinistre cours. Les trois premières séquences du film, purs moments de cinéma, sont à cet égard exceptionnelles, témoignant si nécessaire les talents indéniables de l’auteur comme réalisateur.
La première séquence commence dans une chambre d’hôtel, les rideaux noirs encadrant une fenêtre qui donne sur une ville illuminée dans l’obscurité de la nuit. Un lit blanc est au premier plan et, au second, une femme blonde est silhouette contre la fenêtre, son dos en conversation téléphonique, sa robe noire mettant en valeur les bras pleins et blancs. Une fois la conversation terminée, elle ferme les stores électriques, plongeant la scène dans l’obscurité.

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