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6 avril 2024 0 h 09 min

Au Japon, la popularité des architectes a diminué

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La renommée architecte Kazuyo Sejima, moitié féminine de l’éminente agence Sanaa, souligne les difficultés croissantes de construction à Tokyo à mesure que la société devient de plus en plus conservatrice. Depuis le début du 21ème siècle, le travail de Sanaa a servi de balise pour les nouvelles générations, que ce soit sous le nom de Sejima ou à travers l’agence qu’elle a créée avec Ryue Nishizawa en 1995. Leur portfolio varié comprend des structures légères et majestueuses, comme le New Museum à New York (2007), le Rolex Learning Center à l’Ecole Polytechnique de Lausanne (2010), le Louvre-Lens (2012) et le Musée Hokusai à Tokyo (2016). Ces créations, avec leur caractère irréel, ont aidé à définir l’esthétique contemporaine. En reconnaissance de son travail, Sejima a reçu le prix Pritzker en 2010 aux côtés de Nishizawa.

Lorsque Tokyo a été sélectionnée pour accueillir les Jeux Olympiques 2020, Sejima a tenté de participer à ce marquage crucial de l’histoire de sa ville. Cependant, elle n’avait pas anticipé que son agence ne remplirait pas les critères stipulés, réservés aux grandes entreprises qui comptent au moins une centaine d’architectes accrédités et une expérience significative dans la conception de structures sportives. Malgré la proximité de leur bureau aux sites planifiés pour les Jeux Olympiques, l’agence n’a été autorisée à concourir que pour la conception d’un portail – un concours qu’ils n’ont pas remporté.

Les Jeux Olympiques de 1964, supervisés par l’architecte Kenzo Tange (1913-2005), avaient radicalement transformé Tokyo. Contrairement à ceux-ci, les Jeux de 2020 (finalement reportés en 2021 à cause du Covid-19), se déroulent dans des stades presque vides, entourés de bâtiments fonctionnels mais sans charme, éparpillés dans une zone axée sur un développement immobilier pour la baie de Tokyo, dépourvu de règles. Le seul établissement construit au cœur de la ville est le Stade national olympique. C’est également le seul qui a été confié à une architecte de renom, Zaha Hadid, originaire d’Angleterre et d’Irak (1950-2016).

Bien qu’elle ait remporté le concours, son projet a été finalement rejeté après une série de controverses. Par la suite, Kengo Kuma est devenu son successeur, à l’issue d’un concours où les concurrents n’étaient plus des stars internationales de l’architecture, mais deux entreprises de construction japonaises. Bien que la façade du bâtiment soit joliment éclairée par des auvents en bois et que l’intérieur dégage un raffinement grâce au toit en lattes tressées, le design reste globalement sobre.
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