À partir du 1er octobre, Laurence et son mari, Jean, prévoient de remettre en location leur petite chambre parisienne de 10 mètres carrés située à deux pas du Panthéon, dans le 5e arrondissement. Ils ont posté une annonce sur Leboncoin, offrant le logement, avec une vue sur le quartier du Val-de-Grâce et à proximité des lycées réputés Henri-IV et Louis-le-Grand, pour 490 euros, charges compris. En seulement trente minutes, ils ont reçu 148 demandes, si bien qu’ils ont dû retirer l’annonce. « Mon téléphone n’a pas arrêté de sonner, j’ai pensé qu’il y avait une erreur », raconte Jean. La détresse des candidats à la location les a surpris.
Les messages comprenaient des étudiants inquiets, certains déclarant: « Je commence mes études demain et je n’ai nulle part où vivre »; une jeune femme suppliait: « s’il vous plaît aidez-moi »; un couple partageait leurs propres préoccupations: « Nous sommes perdus. » Laurence se souvient avec tristesse: « C’était terrible. Cela ne ressemblait en rien à notre précédente expérience de location en 2021. » Ils ont reçu des candidatures complètes avec des dossiers en ligne, certains d’entre eux se rapprochant plus de ce que l’on pourrait soumettre à un DRH.
Tous les étudiants étaient soutenus par des garants, généralement des parents avec des revenus importants, note Jean. Ils ont finalement sélectionné un étudiant avec une situation solide qui devait quitter son logement actuel et qui les a beaucoup contactés avec insistance mais respect. Cependant, Laurence se fait toujours du souci pour les 140 autres candidats qu’ils n’ont pas pu aider. « En tant que mère, je ne peux m’empêcher de me demander ce qui va leur arriver, » admit-elle. En un jour, ils ont reçu 200 demandes.
Sur LinkedIn, une plateforme de communication professionnelle, Richard M., qui est consultant, a partagé une expérience similaire le mercredi 2 octobre. Après avoir publié une petite annonce pour un studio de 22 mètres carrés à louer à Bordeaux pour la rentrée, il a reçu plus de deux cents réponses en moins d’une journée. Face à cette forte affluence, il est impossible de répondre à chacun, et il déplore que les étudiants les plus démunis ont peu de chances, selon son post sur LinkedIn.
La pénurie de logements à louer, particulièrement sévère dans les grandes villes et les zones à forte demande, est une question d’arithmétique : la demande augmente tandis que l’offre diminue. Les chiffres élevés de naissances dans les années 2000 se traduisent aujourd’hui par l’arrivée de cette génération à l’université, d’où la forte demande de logement pour ces étudiants. Cette situation est exacerbée par le phénomène de décohabitation, dû aux divorces et séparations.
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