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Beyrouth : choc et peur guerre

Un homme éploré, soutenu par trois individus, debout au sommet d’un monticule formé par des restes d’un bâtiment détruit en quartier Dahiyé, en banlieue sud de Beyrouth, implore sa fille en posant sa main sur son cœur, le dimanche 29 septembre. « Envoie un signal à ton père, parle-moi », supplie-t-il face à un immeuble jaune démantelé par l’impact des bombardements qui ont réduit en poussière un complexe de six bâtiments en aval, vendredi dernier, endommageant le quartier général du parti de la résistance libanaise, le Hezbollah, ainsi que son leader, Hassan Nasrallah.

Les cadavres de sa femme et de sa fille demeurent emprisonnés dans les débris en béton. Tout comme ceux de Hicham (le nom a été modifié à la demande des interviewés) avec son oncle, sa tante et ses deux cousines, venus pour récupérer leurs affaires parmi les ruines. Les opérations de recherche de victimes civiles dans les immeubles gravement touchés par l’explosion et les débris de ceux réduits en poussière n’ont pas encore commencé par les secours.

Le cadavre de Hassan Nasrallah, surnommé « Sayyid », a été découvert samedi, au sein du bunker souterrain. La confirmation de son décès par le Parti de Dieu a déclenché un choc dans tout le pays, paralysé par une attente anxieuse. Au supermarché situé à l’entrée du quartier chiite de Khandak Al-Ghamik, dans le centre de Beyrouth, la femme à la caisse n’a pas su contenir ses sanglots depuis la déclaration de sa mort. Beaucoup de chiites ont noué des liens profonds avec le leader charismatique.

L’atmosphère entourant la supérette semble figée dans le temps. Des hommes de peu de mots, le visage grave, attendent des instructions concernant les cérémonies, assis sur des fauteuils en plastique. Un individu présente des bandages sur chacune de ses mains et son visage, à l’instar de plusieurs nouvelles recrues du Hezbollah, blessées à la suite de l’explosion de leur bipper dû à un sabotage attribué à Israël le 17 septembre. Certains hommes se tiennent debout sous le vestibule d’un bâtiment, espérant éviter les balles perdues éventuelles. Des rafales de tirs retentissent dans l’air à intervalles réguliers en mémoire du « martyr ».

La tension est à couper au couteau dans le coeur du quartier. Les jeunes sont au bord de la crise de nerfs, déchirés entre la fureur et un sentiment de délaissement. Aucune indication ne leur a encore été transmise par le leadership du parti chiite. Les représentants locaux du Hezbollah ne sont pas sûrs de réussir à les contrôler. On conseille fortement aux journalistes de garder leurs distances en ce moment de grande émotion, car des débordements peuvent éclater à n’importe quel moment. L’aura de force et de gloire que diffusait Hassan Nasrallah au sein de la communauté chiite a fait place à la vulnérabilité.

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