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Mali : Peuls craignent stigmatisation

Les leaders peuls ont conseillé aux membres de leur communauté vivant à Bamako de rester chez eux jusqu’à ce que les ratissages conduits par les forces de sécurité du Mali soient achevés, en raison de leurs inquiétudes face à une discrimination grandissante à cause de présumés liens avec les djihadistes après l’attentat du GSIM, groupe affilié à Al-Qaida, qui a causé plus de 70 morts et 255 blessés le mardi 17 septembre, selon les sources de sécurité maliennes et occidentales.

Peu après les deux attaques perpétrées contre l’école de gendarmerie de Faladié et l’aéroport au sud-est de Bamako, le général Oumar Diarra, Chef d’État-Major des armées, a appelé les citoyens à « ne pas faire de généralisations ». Il a averti que « le but de ces terroristes est de nous dresser les uns contre les autres et tenter de stigmatiser les gens », précisant que les efforts pour débusquer d’éventuels complices continuaient. L’ampleur de ces attentats au cœur de la capitale a bouleversé les habitants de Bamako. Cela contredit également la déclaration officielle selon laquelle la menace djihadiste est maîtrisée par la junte, comme son chef, le colonel Assimi Goïta, le soutient depuis son arrivée au pouvoir en août 2020.

Mardi matin, tandis que les échanges de coups de feu entre les militaires maliens et les djihadistes retentissaient au sud de la capitale, des appels à lyncher les membres de la communauté peule ont été rapportés, selon diverses sources locales.

Dans une vidéo publiée mardi sur les plateformes de médias sociaux, on entend un homme clamer « Nous devons le réduire en cendres ! ». À l’arrière-plan, près de la Tour de l’Afrique et du collège militaire, on aperçoit le corps d’un homme en train de brûler, recouvert de débris qui avaient été lancés par la foule qui l’entourait. D’après des sources fiables, l’homme appartiendrai à la tribu peulh. Malheureusement, l’immolation est de plus en plus courante dans le pays, particulièrement à l’encontre de prétendus criminels, ce qui accentue les tensions intercommunautaires avec l’augmentation de la violence ces dernières années.

L’oppression ethnique
Au cœur du Mali, un grand nombre de Peulhs ont rejoint le GSIM, une organisation terroriste dirigée localement par le leader djihadiste peulh Amadou Koufa. Le fait qu’un membre de la même tribu, surnommé « Abdelsalam Al-Fulani Al-Ansari », soit impliqué dans le double attentat de Bamako, a accentué le stigmate sur les Peulhs.

Pour éviter des débordements dans les zones d’attentats, des responsables de camps de personnes déplacées — principalement des Peulhs ayant fui la violence centrale — ont conseillé à leurs occupants de ne pas sortir avant la fin des opérations de ratissage sécuritaire. À l’intérieur des camps, « les gens craignent d’être visés », déclare un des responsables, ajoutant néanmoins que la situation reste calme pour le moment.

Hors des camps, un grand nombre de personnes, y compris de nombreux Peulhs, ont été arrêtées suite aux attentats. Les sept marchés de bétail situés en banlieue de la capitale, principalement dirigés par des éleveurs Peulhs, ont été fermés jeudi « pour des raisons de sécurité publique », selon une note du gouverneur consulée par Le Monde.

Un représentant communautaire exprime ses inquiétudes face à la situation précaire de ces éleveurs dont la principale source de revenu leur est retirée, ce qui les force à abandonner la capitale. Il décrit cet acte comme une sorte de persécution. La réprimande se poursuit alors qu’il exprime sa déception quant au manque d’action suite à l’appel à la lutte contre les préjugés lancée par le chef d’état-major. Il se sent troublé par le fait que ces éleveurs Peuls, dépossédés, risquent de se rallier aux groupes terroristes.

Des membres de la communauté Touareg, contactés par Le Monde, confirmant qu’ils étaient aussi victimes de stéréotypes, en particulier depuis la recrudescence des combats dans le nord du pays entre l’armée et les groupes rebelles, la plupart étant Touaregs, à l’été 2023. On leur avait ordonné de rester chez eux jusqu’à ce que la situation dans la capitale se stabilise. Une victime, un Touareg membre de la garde nationale en civil le jour des événements, a été tué à Bamako dans des circonstances incertaines.

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