Le remplacement rapide des caissiers par des machines est une question constamment présente depuis l’apparition de l’e-commerce et des premières caisses automatisées en France. Cependant, même vingt ans plus tard, ce métier perdure, bien que son nombre ait légèrement diminué. Vers le troisième trimestre de 2023, la plate-forme Horizons Commerce a indiqué que 135 992 personnes exerçaient encore le rôle de caissier, représentant près de 20% des employés du secteur du commerce de détail. 90% de ces caissiers sont toujours des femmes, souvent employées à temps partiel.
Renaud Giroudet, responsable des affaires sociales, de l’emploi et de la formation à la Fédération du Commerce et de la Distribution, indique que le nombre de caissiers est historiquement de 150 000 équivalents à temps plein. Il note une érosion plus lente que prévue il y a dix ans. Il est nécessaire d’ajouter à ce total plusieurs dizaines de milliers de caissiers travaillant en dehors du commerce de détail alimentaire.
L’interprétation de ces chiffres n’est cependant pas simple, car ce métier s’oriente progressivement vers une « polyactivité ». L’image du caissier, assis à plein temps derrière son comptoir, n’est plus la norme. Alors que le nombre de caissiers a diminué de 14,4% entre 2016 et 2020, selon l’Insee, le nombre général d’employés dans la catégorie «vente, caisse, accueil» a augmenté de 7%. «Dans les supermarchés et les supérettes, l’employé fait de tout : caissier, réassortisseur, cuiseur de pain, nettoyage… Il y a des heures consacrées à la caisse, mais le poste n’est plus expressément désigné comme « caisse »», explique M. Giroudet.
Malgré ces changements, les erreurs de machine sont fréquentes.
Les caisses automatiques sont plus courantes dans les petits magasins où une surveillance étroite est nécessaire pour prévenir les erreurs de machine fréquentes et les vols. Malgré leur prévalence croissante, elles n’ont pas généré des gains de productivité significatifs, en grande partie à cause de la lenteur des clients. Selon Sylvain Macé, secrétaire national de la CFDT-Services, les technologies ont montré leurs limites et les employeurs qui cherchaient à réduire les effectifs n’ont réalisé que des économies minimes. D’où l’importance d’une surveillance humaine qui peut contrôler jusqu’à dix caisses à la fois.
Bien que les employeurs voient une polyvalence accrue comme un avantage pour l’employabilité, les syndicats sont préoccupés par une détérioration des conditions de travail. Elhadji Niang, secrétaire fédéral de la CGT-Commerce, note une augmentation du nombre d’employés aux tâches variées, modélisée sur des magasins comme Aldi, Action ou Lidl. Cependant, ceux qui sont chargés de l’encaissement et du réassortiment se plaignent de fatigue accrue sans compensation salariale correspondante.
Laisser un commentaire