
Dans un effort renouvelé pour résoudre les problèmes religieux, le gouvernement du Tadjikistan se focalise une fois de plus sur l’islam. Le 26 juillet, le conseil des oulémas, soutenu par l’Etat, a édicté une fatwa interdisant aux femmes de se vêtir de « vêtements noirs » ainsi que de vêtements « moulants et transparents ».
Cette action est en réponse à une loi adoptée le 19 juin par le Majlissi milli, la Chambre haute du Parlement tadjik, concernant la « régulation des traditions et des rituels ». Cette loi interdit des « vêtements étrangers à la culture tadjike », une expression souvent utilisée par les autorités pour désigner les vêtements islamiques, perçus comme un indicateur d’extrémisme religieux.
Le voile islamique, ou hidjab, est particulièrement visé par cette loi. Le président Emomali Rahmon, au pouvoir depuis 1992, l’a signée le jour suivant son adoption. Cette mesure fait partie d’une série de réformes proposées par le gouvernement dans le but de « protéger les valeurs culturelles nationales et de prévenir la superstition et l’extrémisme ».
Le fait de ne pas respecter cette loi peut entraîner des amendes allant de 7 920 somonis (environ 690 euros) pour les citoyens, jusqu’à 54 000 somonis pour les fonctionnaires, et même 57 600 somonis si l’infraction est commise par une figure religieuse. Un groupe de travail a été formé par le ministère de la culture, le comité des femmes et le comité des affaires religieuses afin d’établir un code vestimentaire en accord avec les « valeurs et les traditions tadjikes ».
En 2009, après avoir prohibé le port du hijab dans les lieux publics, y compris dans les universités et les édifices officiels, le gouvernement de Douchanbé a établi plusieurs règles pour contrer le renouveau islamique et l’influence religieuse des pays avoisinants. Le Comité des Affaires Religieuses fait tout son possible pour fermer les mosquées, tout en encourageant les hommes à ne pas laisser pousser leur barbe. Selon Abdullo Rahmonzoda, le responsable du Comité de la Jeunesse et des Sports au Tadjikistan, cela serait une manière de montrer sa solidarité envers les groupes terroristes, ce qui serait une menace pour la sécurité du pays.
Au Tadjikistan, où plus de 90% de la population est musulmane, ces interdictions font partie d’une campagne contre l’islamisme radical, menée par le président Rahmon depuis 1997. Cette politique autoritaire est justifiée par le gouvernement en tant que mesure préventive contre les excès religieux. À partir de 2015, plusieurs centaines d’hommes, y compris certaines figures de l’élite telle que Goulmourod Khalimov, ancien commandant des forces spéciales de police du pays, se sont ralliés à l’Etat islamique. L’attaque du Crocus City Hall près de Moscou en mars, revendiqué par des groupes djihadistes et impliquant un citoyen tadjik, n’a fait que renforcer la défiance du régime face à une possible radicalisation de ses citoyens.
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