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« Polémique autour de « Sniffy », poudre énergisante »

« Une préoccupation montante quant à la vente de « Sniffy », une substance énergisante, est partagée par plusieurs parties, y compris la ministre de la santé, Catherine Vautrin, et la Confédération des buralistes. Lundi 26 mai, lors d’un entretien sur BFM-TV, Vautrin a exprimé son inquiétude face à tout ce qui est potentiellement nuisible à la jeunesse et aux citoyens français, plaidant pour que tout objet posant un tel risque soit interdit.

Sniffy, une marque enregistrée en mi-2023, est une substance énergisante qui se présente sous forme de poudre blanche à inhaler. Selon le fabricant, une société basée à Marseille, la poudre offre un regain d’énergie instantané qui dure environ vingt à trente minutes. Parfumée avec une variété de saveurs sucrées comme la passion, la fraise et la menthe, le produit semble cibler un jeune public. Le site officiel du fabricant suggère que Sniffy peut accompagner les individus dans diverses situations, tels que l’exercice physique, les études, les examens, et même pendant la nuit.

Sniffy contient des ingrédients similaires à ceux des boissons énergisantes, dont la L-arginine, la caféine, la créatine, la L-citrulline, la taurine, la bêta-alanine et la maltodextrine; tous conçus pour revitaliser ceux qui souffrent de fatigue passagère. Cependant, contrairement aux boissons énergisantes traditionnelles, cette poudre doit être inhalée par le nez à travers une pipette. Un point qui inquiète les responsables politiques et les addictologues qui font des parallèles avec la consommation de cocaïne et militent contre la vente de ce produit. »

Le produit est offert à un tarif de 14,90 euros pour une ampoule d’un gramme et « principalement vendue en ligne », a révélé le président de la Confédération des buralistes, Philippe Coy. Il estime que seul un « petit nombre » de bureaux de tabac en fournissent.
La controverse autour de « Sniffy » concerne moins ses composants que son mode d’utilisation. « Soyons clairs, il s’agit de créer l’illusion d’utiliser de la cocaïne, d’en ressentir les effets, sans qu’il ne s’agisse réellement de cocaïne », s’indigne le président de la Fédération française d’addictologie, Amine Benyamina. Il estime que le fabricant fait preuve d’un « cynisme » flagrant. « C’est moralement et éthiquement scandaleux de proposer une boisson énergisante ou une boisson de sport sous forme de poudre. »
Addictions France est également préoccupée par la tendance à « banaliser la cocaïne » et par l’attrait potentiel des arômes sucrés pour les plus jeunes. Quoique les politiques et spécialistes de l’addictologie s’interrogent sur l’impact de ce produit, l’entreprise basée à Marseille ne semble pas affectée par ces critiques. La marque affirme même avec ironie que « Sniffy, qui se présente sous forme de poudre blanche à inhaler par le nez, est légal ».
Et les possibles effets secondaires ?

Le vendeur de Sniffy, sur son site internet, impose comme condition l’âge adulte pour acheter son produit et incite ses clients à prendre l’avis d’un professionnel de la santé pour évaluer les risques. Il suggère de commencer par des doses réduites, de les augmenter progressivement et de ne pas dépasser la dose quotidienne recommandée de deux grammes, équivalent à deux flacons. Il avertit également d’éviter la consommation simultanée avec l’alcool ou les médicaments.

Le professeur Benyamina critique cette autonomie de consommation, soulignant le manque de fondements scientifiques et l’affirmant simplement comme une protection légale pour le vendeur. De plus, il ajoute que le produit n’est pas vendu en pharmacie et donc il n’y a personne pour expliquer les précautions à prendre et les limites de consommation.

Les effets secondaires de cette substance peuvent ressembler à ceux des boissons énergisantes tels que les douleurs thoraciques, l’hypertension et l’anxiété. Le professeur Benyamina fait remarquer que l’inhalation peut causer de petits traumatismes nasaux, comme ceux observés chez les consommateurs de cocaïne. Faisant écho à cela, le vendeur met en garde sur la nécessité de faire preuve de prudence pour protéger la santé des muqueuses nasales.

Il y a des discussions en cours sur la manière de contrôler ce produit. Le ministre délégué à la santé et à la prévention, Frédéric Valletoux, qui a récemment découvert le produit, a déclaré qu’il examinerait bientôt les moyens juridiques de l’interdire. De son côté, le député du Parti socialiste, Jérôme Guedj, a déclaré qu’il était en train de préparer une proposition de loi pour interdire ce produit ressemblant à de la cocaïne.

L’article L3421-4 du code de santé publique qui condamne l’apologie de l’usage illégal de drogues (punissable par cinq ans d’emprisonnement et une amende de 75 000 euros) ou l’incitation à l’utilisation de substances présentées comme ayant des effets similaires à ceux des drogues ou des plantes classées comme stupéfiants, pourrait justifier l’interdiction de cet énergisant.

Toutefois, selon Raphaële Tort-Bourgeois, avocate en droit pénal, il semble difficile, dans les conditions actuelles, d’interdire la vente de ce produit. Bien que l’usage et la forme de cette substance soient assimilables à des stupéfiants, il est difficile de voir comment cela pourrait être interdit, étant donné que les composants ne sont pas illégaux.

Selon Me Tort-Bourgeois, ce sont les aspects sanitaires et médicaux qui pourraient conduire à l’interdiction de ce produit, et non l’aspect pénal lié à la drogue. L’entreprise pourrait être invitée à fournir des détails sur les précautions d’emploi ainsi que sur les effets du produit qui durent de vingt à trente minutes. Que signifie cela? Sollicitée par le Monde, l’entreprise n’a pas répondu à nos demandes.

Avant ce produit, les « puffs » ou cigarettes électroniques jetables, très appréciées par les jeunes, avaient créé une polémique en raison de leurs impacts environnementaux et de santé publique. Elles ont été introduites sur le marché français en 2021 et ont fait l’objet d’une proposition de loi d’interdiction à la fin de 2022. Ce texte n’a été adopté qu’en mars 2024, après un vote à l’Assemblée nationale et au Sénat, mais il attend toujours l’approbation de la Commission européenne pour vérifier si l’interdiction est conforme au droit européen.

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