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« Guerre Ukraine: Kiev confirme drones navals »

Cet événement en direct a été animé par plusieurs personnalités, dont Dorian Jullien, Agnès Gautheron, Gabriel Coutagne, Fatoumata Sillah, Charlotte Herzog, Charles Deleare et Audrey Delaporte, qui était responsable des photographies.

Nous vous invitons à lire nos divers articles, reportages et analyses concernant la situation en Ukraine. Vous découvrirez des histoires et des analyses poignantes issues du « Monde », concernant des événements tels que les milliers d’Ukrainiens qui fuient les villages à la frontière russe dans la région de Kharkiv, ou les personnes plus âgées qui rejoignent l’armée pour « protéger l’avenir du pays ».

La guerre en Ukraine présente des défis quotidiens pour les soldats ukrainiens installés dans le Donbass, qui attendent désespérément les munitions fournies par l’Occident. À Kharkiv, la population fait preuve de résilience face à l’offensive russe, et à Kiev, des individus s’engagent volontairement pour défendre leur pays. L’Ukraine sollicite par ailleurs l’aide de Washington pour attaquer la Russie avec des armes américaines.

Un aspect notable du conflit en Ukraine est l’utilisation massive de drones. Un rapport publié en mai 2023 par un think tank britannique spécialisé dans les questions de défense révèle que l’Ukraine perdait environ 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour, un chiffre impressionnant par rapport aux quelque 3 000 drones de l’armée française.

Les Ukrainiens et les Russes ont principalement recours à des petits drones d’origine civile, abordables et largement disponibles. Ces drones sont utilisés pour observer le terrain de combat, guider les troupes et les tirs d’artillerie ; certains sont ad hoc modifiés pour transporter de petites charges explosives qui sont ensuite larguées sur les tranchées ou les véhicules blindés.

Les drones kamikazes, bien qu’en moins grand nombre, jouent aussi un rôle crucial. Muni d’une charge explosive, ces drones sont envoyés au-dessus de la ligne de front sans cible préalablement déterminée. Moscou déploie des drones russes Lancet-3, ainsi que des Shahed-136, fabriqués en Iran. L’Ukraine, bien que ne disposant pas d’une marine de guerre adéquate, défie son adversaire en utilisant des véhicules maritimes sans pilote, des petits kayaks téléguidés et chargés d’explosifs (450 kilos de TNT).

Reconnaissant l’importance cruciale des drones dans leurs opérations, les Ukrainiens et les Russes ont mis en place des systèmes permettant de fournir en continu leurs troupes, non seulement en se procurant des drones civils sur le marché en grande quantité, mais aussi en créant des capacités de production locales. L’industrie nationale ukrainienne, en dépit de ses débuts hésitants lors de la guerre du Donbass qui a commencé il y a dix ans, a depuis gagné en envergure. À la fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé que le drone russe Lancet avait été reproduit et serait bientôt déployé sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Confrontée à des sanctions occidentales restreignant son accès aux composants électroniques, la Russie est en difficulté. Cependant, selon les agences de renseignement américaines, Moscou aurait commencé à ériger une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour produire des drones-kamikazes de conception iranienne, tels que les Shahed-136.

Sur le sujet des réserves de missiles russes, nous manquons de précisions. Il demeure extrêmement complexe d’obtenir des informations précises sur l’état actuel du stock de missiles de l’armée russe. Les services de renseignement ukrainiens partagent souvent sur ce sujet, mais leur fiabilité reste à démontrer.

Andri Ioussov – le porte-parole de la Direction Générale du Renseignement du Ministère de la Défense (GUR), cité par Liga.net – avançait que l’armée russe détenait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre et plus de 900 début de l’année. En plus de cela, le porte-parole a également mentionné environ dix mille missiles antiaériens S-300 – ayant une portée d’environ 120 kilomètres – et un stock considérable de S-400, une version plus moderne avec une portée trois fois plus grande. Vadym Skibitsky, le second du GUR, révélait en août le chiffre de 585 missiles ayant une portée supérieure à 500 kilomètres.

Concernant les capacités de production, elles seraient actuellement d’une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon plusieurs experts. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

La Russie aurait augmenté son arsenal avec des missiles à courte portée en provenance d’Iran et de la Corée du Nord, avec des acquisitions en continu. L’agence de presse Reuters reporte, en se basant sur diverses sources iraniennes, que 400 missiles iraniens de la série Fateh-110 (d’une portée entre 300 et 700 kilomètres) ont été livrés à la Russie depuis janvier, suite à un accord conclu. Le nombre de missiles nord-coréens acquiert par la Russie reste inconnu, mais 24 ont été lancés en Ukraine du 30 décembre 2023 au 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Selon les experts qui ont examiné les restes et les trajectoires de ces missiles, il s’agirait probablement des modèles KN-23 et KN-24, capables de couvrir une distance d’environ 400 kilomètres.

Et qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

Suite à la requête de longue date du président ukrainien, les Etats-Unis ont approuvé en août 2023 le transfert de chasseurs F-16 en Ukraine. Bien que plus de 300 de ces avions peuplent les flottes de neuf pays européens (y compris la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal), tous les pays qui ont des F-16 ne peuvent pas les céder instantanément.

Le chiffre claironné par Volodymyr Zelensky, de 42 F-16 promis par les alliés occidentaux pour Kiev, n’a jamais été vérifié. Le Danemark a promis d’en livrer 19. Le premier lot de six ne devrait pas être livré avant la fin de 2023, huit autres en 2024 et cinq en 2025, selon la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui se sont également engagés à fournir des F-16, possèdent 42 de ces avions en tout, mais n’ont pas communiqué le nombre exact qu’ils envisagent de céder.

Par conséquent, les pilotes ukrainiens doivent subir une formation spécifique pour manipuler ces avions de combat américains. Onze nations alliées à Kiev ont promis d’assumer la formation des pilotes. Selon les estimations de l’OTAN, les forces armées ukrainiennes ne seraient aptes à piloter ces avions dans un contexte de combat qu’au début de l’année 2024. Certains experts estiment cependant que cela n’arrivera pas avant l’été de la même année.

En quel sens ces alliés soutiennent-ils militairement Kiev ?

Deux années après le déclenchement de la guerre à l’échelle massive, l’appui occidental à Kiev semble perdre de son intensité : les assistances promises récemment ont diminué entre août 2023 et janvier 2024 comparé à l’année précédente, comme l’illustre le dernier rapport du Kiel Institute publié en février 2024. Cette tendance pourrait persister, le Sénat américain ayant des difficultés à approuver les assistances financières, et l’UE ayant éprouvé un blocage de la part de la Hongrie lors de l’adoption d’une assistance de 50 milliards le 1er février 2024. Notons que ces deux allocations d’assistance ne sont pas encore intégrées dans le dernier rapport du Kiel Institute, qui prend fin en janvier 2024.

Les chiffres de l’institut allemand indiquent que le nombre de donateurs se réduit et se focalise autour d’un noyau de pays : les États-Unis, l’Allemagne, les pays scandinaves et de l’Est de l’Europe, qui s’engagent à fournir à la fois une assistance financière substantielle et des armements sophistiqués. Depuis février 2022 et jusqu’à maintenant, les pays en soutien à Kiev se sont engagés à contribuer à hauteur d’au moins 276 milliards d’euros pour la cause militaire, financière et humanitaire.

Dans un examen des valeurs absolues, on constate que les nations les plus aisées sont également les plus généreuses. Les États-Unis se distinguent particulièrement, annonçant un soutien de plus de 75 milliards d’euros avec une contribution militaire de 46,3 milliards. Les pays membres de l’Union européenne ont octroyé des aides bilatérales, atteignant 64,86 milliards d’euros, et des assistances conjointes à partir des fonds de l’Union Européenne, s’élevant à 93,25 milliards d’euros, cumulant ainsi une somme totale de 158,1 milliards d’euros.

Cependant, quand ces dons sont comparés au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le tableau diffère. Les États-Unis finissent à la vingtième place, avec seulement 0,32% de leur PIB dédié à l’aide. De nombreux pays limitrophes de l’Ukraine ou anciennes républiques soviétiques sont plus généreux. L’Estonie arrive en tête avec 3,55% de son PIB, suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). La Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%) achèvent le top 5. Les trois pays baltes, limitrophes de la Russie ou de son alliée la Biélorussie, se positionnent parmi les plus grands donateurs depuis le commencement du conflit.

En termes de pourcentage du PIB, la France se place en vingt-septième position, ayant engagé seulement 0,07% de son PIB, un peu derrière la Grèce (0,09%). L’assistance offerte par la France a nettement diminué depuis l’initiation de l’effraction russe en Ukraine – la France occupait la vingt-quatrième place en avril 2023, et était treizième l’été précédent en 2022.
Qu’en est-il des désaccords à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne?

Le commerce des céréales ukrainiennes demeure une source de friction entre l’Ukraine et la Pologne depuis quelques mois. En 2022, l’Union européenne avait institué des « corridors de solidarité » pour faciliter l’expédition et la commercialisation des récoltes agricoles ukrainiennes vers l’Afrique et le Moyen-Orient, éliminant ainsi les taxes douanières. Cependant, selon la Fondation Farm, un groupe de réflexion sur les enjeux mondiaux de l’agriculture, près de la moitié des céréales ukrainiennes passent par ou finissent leur trajet dans l’UE. Ces céréales sont vendues à un prix nettement inférieur à celui du blé cultivé au sein de l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

À cause de cette disruption du marché local et la menace sur les revenus des fermiers, plusieurs pays, dont la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie, ont décidé de bloquer leurs importations de céréales ukrainiennes en avril 2023. Bruxelles avait accepté ce blocage, à condition qu’il n’entrave pas le flux vers d’autres pays et qu’il ne durait que quatre mois. À la suite de la fin de ce blocage, Varsovie a choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes, malgré la position de l’UE qui suggérait que l’embargo n’était plus nécessaire. Bruxelles avait conclu qu’il n’y avait plus de dérèglement sur les marchés nationaux de céréales.

Depuis la frontière ukrainienne, les fermiers de Pologne organisent une restriction pour stopper l’entrée de véhicules ukrainiens dans leur nation. Ils demandent un « embargo total » vis-à-vis des biens ukrainiens, agricoles et alimentaires. Ils décrient une augmentation excessive de leurs frais de production tandis que les prix touchent leur niveau le plus bas et que les dépôts et silos sont à pleine capacité. Au début de 2024, le président ukrainien exprimait que les restrictions imposées à la frontière polonaise illustraient un déclin de la solidarité vers son pays, et a demandé des négociations avec la Pologne. Il a également souligné que « seul Moscou se félicite » de ces tensions, critiquant l’émergence de « slogans pro-Poutine évidents ».

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