La notion de bien-être animal est solidement basée sur la science, comme le soulignent les messages de l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (Anses) en France, qui a récemment publié une opinion et un rapport sur l’étiquetage du bien-être animal le 2 mai. En se basant sur trois ans de collecte d’expertise, l’Anses stipule que l’évaluation du bien-être des animaux d’élevage doit prendre en compte tous les aspects de leur vie, de la ferme à l’abattoir, en passant par le transport. Il est également important de considérer les conditions de vie des ancêtres des animaux, un aspect souvent négligé mais d’une importance primordiale dans de nombreuses industries (telles que les poules pondeuses, les porcs, les poulets de chair) où la sélection et la reproduction sont intensives.
En septembre 2021, l’autorité sanitaire française a pris l’initiative de se pencher sur la question de l’étiquetage. A ce moment, la Commission européenne s’était engagée à proposer une révision complète de la réglementation, vieille de plus de vingt ans, sur le bien-être animal dans le cadre de la déclinaison agricole du pacte vert européen. Cette révision incluait la création d’un système d’étiquetage. L’Anses a également noté l’augmentation du nombre d’initiatives privées pour évaluer le bien-être animal, qui pourraient potentiellement créer de la confusion chez les consommateurs.
Trois années après, le rapport de l’Anses, soutenu par une quarantaine d’experts, est diffusé dans une atmosphère politique franchement moins favorable. La proposition de réforme sur le bien-être animal de la Commission européenne, qui comportait notamment une interdiction de l’élevage en cages, a été reportée et a uniquement présenté une modification minime des règles relatives au transport fin 2023. En plus de cela, au début de 2024, la crise agricole en Europe, qui est partiellement associée à des contestations contre « l’excès de normes », a produit une animosité envers les actions du pacte vert et son aspect agricole.
Néanmoins, les experts de l’agence de santé souhaitent apaiser les craintes concernant l’accueil politique de leurs travaux : « La science a l’habitude d’être patiente, affirme Matthieu Schuler, le directeur général adjoint du département « Sciences pour l’expertise » à l’Anses. Nous ne sommes pas ici pour imposer un système ou donner la recette à suivre, mais pour établir les fondements scientifiques du bien-être animal. La création d’un outil nécessitera du temps, mais les professionnels en contact direct avec les animaux voudront pouvoir valoriser leurs préoccupations et les Européens y attachent de l’importance. »
Un devoir de performance
Dans son rapport, l’Agence de santé présente une catégorisation à plusieurs niveaux : quatre pour un étiquetage obligatoire, ou cinq pour un étiquetage volontaire – le cinquième niveau correspondant simplement au respect de la législation. L’Anses souligne l’aspect progressif des indicateurs choisis : « L’étiquetage ne devrait pas être perçu comme un outil de punition, mais comme un vecteur de progression pour toutes les parties concernées », considère Julie Chiron, coordinatrice de cette expertise.
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