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30 avril 2024 3 h 06 min

« Le Monde » suspendu au Burkina Faso

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Suite à l’émission d’un rapport sur des actes brutaux inédits commis par les forces militaires burkinabées contre la population civile, Le Monde ainsi que six autres médias internationaux ont été une nouvelle fois suspendus par le gouvernement du Burkina Faso.

La suspension décrétée au Burkina Faso le dimanche 28 avril, visant Le Monde et d’autres importants acteurs de presse internationale – Ouest-France, TV5 Monde, Deutsche Welle et The Guardian – est dénoncée de manière vigoureuse par ces derniers. L’absence de notification officielle de cette décision prise par le Conseil Supérieur de la Communication du Burkina Faso marque une nouvelle violation du droit à l’accès à l’information dans ce pays, un droit qui se réduit inévitablement depuis le coup d’État orchestré par le capitaine Ibrahim Traoré en septembre 2022.

Suite à la publication d’un rapport de Human Rights Watch, le conseil de régulation a critiqué Le Monde et les autres médias touchés par cette suspension pour la propagation d’informations fallacieuses susceptibles de discréditer les forces armées burkinabées. Le Monde a réfuté ces allégations, affirmant avoir agi avec sérieux et indépendance dans leur travail.

Un précédent avait eu lieu en décembre 2023. Dans un article ayant pour titre « Au Burkina Faso, « les soldats voulaient s’assurer qu’il n’y avait pas de survivants » ». Publié le 25 avril, ce dernier détaillait comment au moins 223 civils, dont une cinquantaine de femmes et d’enfants, ont été assassinés par leur propre armée dans le nord du pays. L’article mettait également en évidence le nombre croissant de victimes de la guerre contre le terrorisme, des informations embarrassantes pour le gouvernement burkinabé, surtout depuis que le capitaine Traoré a promis de restaurer la paix dans le pays suite à son arrivée au pouvoir.

L’arrêt du Monde est une conséquence directe de l’insistance du gouvernement burkinabé à bloquer l’accès aux informations concernant la situation sécuritaire du pays. Avant cette mesure du CSC, nos médias et notre site web ont été une fois interdits en décembre 2023. En avril de la même année, notre reporter a été renvoyée du pays et toutes nos demandes ultérieures de visas ont été rejetées. Cette situation fait écho à celle vécue par d’autres médias dans les mois précédents, tels que Jeune Afrique, LCI, France 24 et RFI. Plusieurs acteurs de la société civile ont également été questionnés.
Malgré ces entraves récurrentes, Le Monde reste déterminé à continuer son travail d’information en toute impartialité sur le Burkina Faso.