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27 avril 2024 12 h 06 min

« Guerre Ukraine: Raffinerie russe suspend activités »

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Comment Moscou et Kiev exploitent-ils des drones ?
La guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint une dimension sans précédent ces derniers mois. Selon un rapport publié en mai 2023 par un think tank britannique spécialisé en la matière, environ 10 000 drones ukrainiens sont détruits chaque mois, soit plus de 300 chaque jour. Pour mettre en perspective, l’armée française détient un peu plus de 3000 drones dans ses stocks.

Les Ukrainiens et les Russes se servent principalement de petits drones non militaires, accessibles et bon marché pour leurs actions stratégiques. Ils emploient ces outils technologiques pour l’observation de zones de combat et comme guides pour leurs troupes ou les tirs d’artillerie. Certains sont même munis de petites charges explosives pour viser les tranchées ou des véhicules blindés.

Des drones kamikazes, bien que moins fréquents, jouent un rôle crucial sur le champ de bataille. Ils sont équipés de charges explosives et sont envoyés sur la ligne de front sans mission prédéfinie. Les Russes recourent notamment aux drones Lancet-3 de conception russe et aux Shahed-136 d’origine iranienne. L’Ukraine, qui ne possède pas de flotte navale significative, répond avec des véhicules maritimes non habités, notamment des kayaks télécommandés équipés d’explosifs (jusqu’à 450 kilos de TNT).

La dépendance des Ukrainiens et des Russes sur les drones pour leurs opérations est claire. Ils ont mis en place des systèmes pour fournir leurs troupes sur le long terme, en achetant de nombreux drones civils et en créant leurs propres capacités de production. L’industrie ukrainienne, qui a commencé à se développer au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, a évolué depuis. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a révélé qu’une réplique du drone russe Lancet avait été conçue et qu’elle serait bientôt mise en service sous le nom de Peroun, en hommage au dieu slave du tonnerre et de la foudre.

La Russie est freinée par des sanctions occidentales qui restreignent son accès aux composants électroniques. Cependant, d’après certains rapports de renseignement américains, les Russes auraient débuté la construction d’une usine dédiée à la production de drones kamikazes dans la zone économique spéciale d’Alabouga. Ces drones seraient basés sur un modèle iranien, les Shahed-136.

Quant à l’état des réserves de missiles russes, les informations sont incertaines et difficiles à vérifier. L’agence de renseignement ukrainienne partage régulièrement des données sur cette question, mais leur fiabilité reste discutable. Selon Andri Ioussov, porte-parole du service de renseignement du ministère de la défense, cité par Liga.net, l’armée russe possédait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le déclenchement de la guerre et plus de 900 étaient encore en stock au début de cette année. En plus de cela, le porte-parole mentionne plus de dix mille missiles antiaériens S-300, ayant une portée d’environ 120 kilomètres et un important stock de S-400, une version plus récente avec une portée triplée. En août, Vadym Skibitsky, le second du service de renseignement, estimait le nombre de missiles avec une portée dépassant 500 kilomètres à 585.

En ce qui concerne leur capacité de production, il semblerait qu’ils soient capables de produire une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon divers experts. En octobre, le service de renseignement estimait cette production à 115 unités.

Selon des informations obtenues par l’agence Reuters à partir de sources iraniennes, la Russie a acquis des missiles de courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord et continuera d’en ajouter à ses stocks. On estime que depuis janvier, environ 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) ont été livrés à la Russie, suite à un accord conclu à cette époque. On ne connait pas le nombre exact de missiles nord-coréens acquis par la Russie, néanmoins, 24 missiles ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, comme l’indique le procureur général, Andriy Kostin. Selon les analystes des débris et des trajectoires, il est probable que les missiles soient de type KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

En ce qui concerne les avions de combat F-16, les États-Unis ont accepté de les transférer à l’Ukraine en août 2023, répondant ainsi à une demande de longue date du président ukrainien. Même si plus de 300 F-16 sont répartis dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, tous ces pays ne peuvent pas procéder à un transfert immédiatement. Dans une déclaration non confirmée, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé que l’Ukraine recevrait 42 F-16 de ses alliés occidentaux. Le Danemark s’est engagé à en fournir 19 : les 6 premiers seront livrés avant la fin de 2023, 8 de plus en 2024 et le reste en 2025, comme le précise la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont aussi promis des F-16, en ont 42 en stock, mais n’ont pas mentionné combien ils en transfereraient.

Les pilotes ukrainiens vont recevoir une formation pour manœuvrer les avions de combat américains, une démarche soutenue par onze pays partenaires de Kiev. L’OTAN prévoit que les forces armées ukrainiennes seront opérationnelles avec ces avions d’ici début 2024, tandis que d’autres spécialistes pensent à l’été de la même année.

Quelle est la nature de l’assistance militaire offerte à Kiev par ses alliés ?

La tendance est à la baisse pour le soutien de l’Occident à Kiev deux ans après le début de la guerre à grande échelle. Le dernier rapport de l’Institut Kiel indique une réduction du nombre d’aides engagées entre août 2023 et janvier 2024 comparativement à la même période de l’année précédente. Cette baisse pourrait se poursuivre, le Sénat américain rencontrant des difficultés pour approuver des mesures d’aide, et le blocage hongrois ayant compliqué l’adoption d’une assistance de 50 milliards par l’Union européenne le 1er février 2024. À noter, ces deux paquets d’aide ne figurent pas encore dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, arrêté en janvier 2024.

Les données de l’Institut allemand indiquent une réduction du nombre de donateurs, les principaux étant les États-Unis, l’Allemagne et les pays du Nord et de l’Est de l’Europe. Ces derniers offrent une aide financière généreuse ainsi que des armes de haute technologie. Au total, depuis février 2022, les pays alliés à Kiev se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros en matière d’assistance militaire, financière ou humanitaire.

En termes absolus, les nations les plus prospères ont montré la plus grande générosité. Les États-Unis se sont affirmés comme les principaux donateurs, offrant plus de 75 milliards d’euros d’assistance, y compris 46,3 milliards d’euros d’aide militaire. De leur côté, les pays de l’Union européenne ont offert à la fois des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

Cependant, lorsqu’on compare ces dons au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le classement se modifie. Les États-Unis descendent vingt places, représentant 0,32 % de leur PIB, loin derrière certains pays voisins de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques amies. Avec 3,55 % de son PIB, l’Estonie est en tête, suivie du Danemark (2,41 %) et de la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top 5. Ces trois États baltes, qui partagent tous des frontières avec la Russie ou son alliée, la Biélorussie, sont parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.

En termes de pourcentage du PIB, la France se situe à la vingt-septième place, ayant engagé 0,07 % de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09 %). L’assistance fournie par la France est en baisse constante depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – en avril 2023 la France était au vingt-quatrième rang, et treizième en été 2022.

Que savons-nous des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Les liens entre l’Ukraine et la Pologne ont été sérieusement mis à l’épreuve ces derniers mois, principalement en raison de la question du transit des céréales ukrainiennes. Au cours du printemps 2022, une initiative de la Commission européenne visant à créer des « voies de solidarité » a permis de faciliter l’exportation et la commercialisation de produits agricoles ukrainiens, sans taxer leur vente, à destination de l’Afrique et du Moyen-Orient. Cependant, d’après la Fondation Farm, une organisation centrée sur l’agriculture mondiale, près de la moitié des céréales ukrainiennes passent ou finissent leur voyage dans l’Union européenne (UE). Ces céréales sont vendues à des prix nettement inférieurs à ceux du blé produit en UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

Les pays comme la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont protesté, affirmant que ces céréales déstabilisaient leurs marchés locaux et affectaient ainsi les revenus de leurs agriculteurs. En avril 2023, ces pays ont mis un frein à leurs importations, une mesure que Bruxelles a autorisée à la condition qu’elle ne gêne pas le transit vers d’autres pays et qu’elle ne dure pas plus de quatre mois. Varsovie a pourtant choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, une décision en désaccord avec Bruxelles qui estimait que l’embargo n’était plus justifié puisque leur analyse indiquait « qu’il n’y avait plus de distorsion sur les marchés nationaux pour les céréales ».

Les exploitants agricoles en Pologne ont mis en place un blocage à la frontière ukrainienne, empêchant l’accès des camions en provenance d’Ukraine. Les manifestants demandent une interdiction totale des produits agricoles ukrainiens, citant des coûts de production en hausse alors que les entrepôts et les silos débordent et que le prix des produits est au plus bas. Le chef de l’État ukrainien a déclaré au début de 2024 que ce blocus de la frontière polonaise était une preuve de la « détérioration de la solidarité» envers son pays, et a demandé des discussions avec la Pologne. «Seule la Russie se réjouit de ces tensions», a-t-il également souligné, critiquant l’émergence de «slogans clairement pro-Poutine».