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À Venise, un palais dormant se réveille

Les passionnés de Venise apprécient également Carlo Scarpa. Même s’ils ne connaissent rien de cet architecte italien né en 1906 et décédé en 1978, ils suivent constamment ses œuvres peu connues, cet étrange amalgame de passé et de modernité. Au cœur de la place Saint-Marc, ils scrutent avec étonnement, à travers la vitrine du showroom Olivetti, son escalier construit à partir de marbre. À la Fondation Querini Stampalia, ils examinent le système ingénieux développé pour sauvegarder le hall du palais d’une éventuelle ‘aqua alta’ lorsque le niveau de l’eau de la lagune augmente. Avec l’inauguration de la Biennale de Venise, les Giardini sont actuellement surpeuplés, et le pavillon du Venezuela y étonne avec son béton et ses fenêtres vitrées. Donc, Carlo Scarpa est partout dans Venise.

Néanmoins, à l’instar de tout grand maître, il surprend constamment, similairement à la ville qui l’a vu grandir. La preuve se trouve presque au bout d’une petite ruelle à quelques pas de la basilique dei Frari et de l’université Ca’Foscari. Frapper à la porte, passer une grille peu voyante et vous beurez trouvé émerveillement , de ceux que la lagune sait si bien procurer. La galerie parisienne Negropontes, connue pour mélanger design, artisanat et création contemporaine, a récemment ouvert une branche fin mars, dans un palais du XVIIe siècle dont l’intérieur a été aménagé par Carlo Scarpa.

En premier lieu, le paysage : le majestueux Grand Canal déploie sa beauté incomparable dans son axe du bâtiment, offrant moins une vue des palais en vis-à-vis et davantage l’impression de flotter sur l’eau. Le bâtiment est une palazzina, un élégant petit hôtel particulier avec une histoire inhabituelle. Au milieu du XXe siècle, l’architecte américain Frank Lloyd Wright avait conçu une rénovation intégrale des locaux, avec l’intention de les transformer en un espace d’accueil et maison d’hôtes pour les étudiants de l’Institut universitaire d’architecture de Venise (IUAV).

Le projet était sous la supervision de l’ingénieur Paolo Masieri qui souhaitait établir une fondation à la mémoire de son fils Angelo, un jeune architecte décédé dans un accident de voiture à l’âge de 31 ans. Cependant, la vision peut-être trop audacieuse de modifier l’aspect extérieur du bâtiment n’obtient pas l’autorisation de la mairie de Venise, et d’autres propositions sont également rejetées.

En 1968, Carlo Scarpa se joint à l’initiative. Il prévoit de ne rénover que l’intérieur du bâtiment et de conserver la façade telle quelle. Les travaux commencent en 1972 et sont achevés en 1983, soit cinq ans après son décès. Pendant quarante ans, le site reste inutilisé. « Venise est une ville où le passé, le présent et le futur s’entrelacent », remarque Sophie Negropontes.

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