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19 avril 2024 13 h 09 min

« Alix Lacloche: Cheffe nomade, salades francs »

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Tout au long de ma jeunesse, j’ai bénéficié d’une nourriture incroyablement saine. Ma mère, d’origine américaine, était avant-gardiste et passionnée par la qualité des aliments. Le poulet que nous mangions était toujours fermier, et notre menu incluait du quinoa, du tofu, et des légumes biologiques. Mon père, un artiste, préparait des tempuras chaque dimanche. Tout était fait à la maison, nous utilisant nos mains pour créer à partir de ce que nous avions. Plutôt que des poupées Barbie, j’avais uniquement des jouets en bois puisque ma mère possédait un magasin de puériculture et était dévouée au bien-être des enfants. Mon frère, ma sœur et moi étions ses prototypes. Tout cela m’ennuyait profondément, mais nous n’avions pas d’autre option, c’était notre mode de vie.

Cependant, lorsque j’avais 14 ans, ma mère est décédée et je me suis tournée vers la nourriture industrielle, consommant enfin tout ce dont j’avais toujours rêvé sans le droit – chips, bonbons, pizzas, nourriture rapide. Après avoir obtenu mon diplôme, coïncidence ou non, j’ai décidé d’apprendre à cuisiner. Je suis tombée amoureuse d’un garçon américain qui avait travaillé au restaurant Chez Panisse, un pilier de la cuisine de qualité en Californie. J’ai voulu visiter cet endroit. En 2009, je suis arrivée à San Francisco pendant le boom des marchés de producteurs bio et du mouvement « Slow Food ». J’ai tout appris sur le terrain.

J’ai passé près d’une année en travaillant avec la célèbre cheffe américano-hongroise Amaryll Schwertner chez Boulettes Larder, un restaurant réputé situé dans le Ferry Building à San Francisco. Son conseil était clair : observe, apprends et n’hésite pas à demander si tu es perdue. Un jour, on m’a confié la tâche de préparer une mayonnaise, quelque chose que je n’avais jamais fait avant. J’ai suivi son conseil, j’ai posé des questions et j’ai appris. Faire de la mayonnaise est devenu l’un de mes plats préférés. Chaque jour, le menu changeait et chaque jour, j’apprenais quelque chose de nouveau.

En 2012, après avoir vécu deux ans aux États-Unis, je suis rentrée en France et j’ai commencé à travailler avec Cédric Casanova, le fondateur de La Tête dans les olives à Paris. J’aimais bien cuisiner dans l’intimité de son épicier, comme il avait une petite table d’hôte. En aucun cas, je n’avais envisagé d’ouvrir un restaurant. C’est une tâche extrêmement difficile en termes de gestion, de création et de charges. De plus, il est très difficile de trouver un équilibre financier, seulement quelques restaurateurs réussissent. Par conséquent, j’ai préféré être une cheffe nomade, en offrant de la cuisine ambulante, en organisant des dîners à domicile et des événements.

J’ai progressivement tracé mon chemin, se lancer des informations d’une personne à une autre, en tant qu’entrepreneuse indépendante. Ma résidence est à la fois une cuisine et un atelier de design culinaire. Ma cuisine est franche et facile à comprendre. Je me délecte de bonnes salades, de saveurs fortes, et de sauces bien équilibrées. J’ai une passion pour exploiter complètement chaque ingrédient, en créant des soupes ou des sandwiches à partir des restes. Ce qui me fascine le plus, c’est la transformation de la nourriture, le mélange d’ingrédients, la magie qui se produit lorsqu’on mélange une mayonnaise au raifort, un morceau de poulet savoureux, du pain croustillant, et un peu de cresson frais pour créer un délice inégalé.
alixlacloche.com
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