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Start-up préserve biodiversité forêt crédits-carbone

Sur l’axe entre Coignières et Saint-Rémy-l’Honoré dans les Yvelines, un secteur de la forêt des Hautes-Bruyères sert en quelque sorte de zone d’observation. Douze hectares de chênes ont été abattus ici en trois sessions sur une période d’environ quinze ans, générant des revenus de 300 000 euros grâce à la vente de bois. Depuis lors, la régénération naturelle s’est bien déroulée, avec la croissance de jeunes chênes entourés de merisiers et de châtaigniers, ainsi que des pins plantés pour aider à la diversification et à remplir les espaces vides.

Selon l’expert forestier Philippe Gourmain, qui supervisait la gestion du bois à l’époque, ces coupes parcimonieuses ont créé un environnement temporairement ouvert qui peut être avantageux pour certaines espèces telles que le pouillot véloce et la linotte mélodieuse. Cependant, il admet que cela a affecté la capacité de la forêt à fonctionner comme puits de carbone. Dans le futur, aucune coupe de cette échelle ne devrait se produire aux Hautes-Bruyères pendant les vingt prochaines années, car le propriétaire, la société d’investissement forestier France Valley, s’est engagée à préserver au moins 80% du volume de bois. Ceci, en échange, générera des crédits-carbone pour eux, ainsi que des revenus supplémentaires.

Cette décision découle des efforts d’une start-up, La Belle Forêt, fondée en 2021 par Philippe Gourmain, ancien président des Experts forestiers de France, et Matthieu de Lesseux, ancien président des agences publicitaires Havas Creative et DDB. Leur objectif est de motiver les propriétaires à conserver le bois dans leurs forêts et à instaurer une gestion forestière qui profite à la fois au climat et à la biodiversité, grâce à l’exploitation des crédits-carbone.

La tâche n’est pas simple, et le défi est complexe. La capacité des forêts françaises à absorber le carbone se réduit, rendant d’autant plus difficile le respect des objectifs climatiques. De plus, la fragilité des espèces et des écosystèmes s’intensifie due aux Actions humaines. Cependant, le marché des crédits carbone soit volontaires a une mauvaise image.

Au début de 2023, une investigation du Guardian a révélé que plus de 90% des crédits certifiés par Verra, l’une des normes les plus reconnues au monde, ne reflétaient pas une véritable réduction des émissions. En France, le label bas carbone, institué par le gouvernement en 2018, est également critiqué pour ne pas prendre suffisamment en considération la biodiversité et pour privilégier les plantations au lieu de la conservation existante.

Les fondateurs de La Belle Forêt sont pleinement conscients des questionnements qui pèsent sur le domaine. « Nous sommes très rassurants par rapport à toutes ces controverses, car nous offrons un crédit carbone local et transparent, » plaide Matthieu de Lesseux. « Si quelqu’un a un doute, il suffit de venir voir sur le terrain. Et compte tenu du tarif auquel nous commercialisons la tonne de carbone, si c’est juste pour du greenwashing, cela ne vaut pas le coup. »

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