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« Trump et New York: Amour-Haine »

« N’y touchez pas à la Trump Tower, » était le cri retentissant de l’hiver 2024 lorsque Letitia James, la procureure, a sauvé la mise à Donald Trump. Elle a brandi la menace d’appropriation d’un de ses gratte-ciel situé à Manhattan, suite à une amende de 454 millions de dollars (soit 427 millions d’euros) qu’il a dû payer pour manipulation de comptes de sa société, la Trump Organization. Alors qu’il est en campagne pour un deuxième mandat présidentiel, l’empereur du bâtiment, peut se représenter comme un roi assiégé dans son propre fief, pris au piège dans sa tour qu’il défend avec acharnement. « Nous ne capitulerons jamais ! » est le cri de ralliement qu’il lance à sa base de supporters.

La Trump Tower, positionnée à l’hintersection de la 5e Avenue et de la 56e Rue, voisine proche du prestigieux bijoutier Tiffany, représente à elle seule son histoire new-yorkaise : son premier gratte-ciel, inauguré en 1983 ; l’endroit où il s’est lancé officiellement dans la course à la présidentielle en juin 2015 ; le bureau offrant une vue panoramique sur Central Park, où il s’est affiché fièrement au lendemain de sa victoire électorale, en compagnie d’un aigle prêt à attaquer, symbole tout à fait patriotique, alors que ses fervents supporters, comme Marine Le Pen, attendaient patiemment dans le hall en espérant le croiser.

C’est également ici qu’il a fait face à l’assaut constant des procureurs démocrates de New York pendant l’hiver, déterminés à le poursuivre en justice à chaque occasion. Le premier procès au pénal jamais engagé contre un ancien président débute le 15 avril – cela concerne Stormy Daniels, une célèbre actrice de films pour adultes, dont Trump est accusé d’avoir payé pour qu’elle garde le silence.

Toujours prêt à critiquer une procureure qu’il décrit comme « raciste », un juge qu’il qualifie de « corrompu », et à dénoncer une « chasse aux sorcières », Trump se présente comme la victime : « J’ai soutenu la ville de New York dans ses heures les plus sombres, et aujourd’hui, alors qu’elle est assaillie par le fléau du crime violent des immigrants de Biden, les éléments radicaux font tout leur possible pour me chasser… »

« Une séparation incontournable

Durant les élections présidentielles de Novembre, aucune vague électorale n’interviendra dans cette mégapole, qui est un bastion démocrate, néanmoins les enjeux politiques y sont importants. Les électeurs trumpiques de la véritable Amérique – blanche, protestante – ceux qui détestent New York pour son réseau de métro dangereux, ses sirènes retentissantes, ses excès d’alcool et de corruption, ses tarifs exorbitants, sa figure gauchiste, Alexandria Ocasio-Cortez, son mélange juif, noir, catholique et latino, voient en toutes les infortunes de leur héros – trahi par sa propre ville – une confirmation de leur dégoût.

Donald Trump partage avec cette ville une relation pleine d’amour et de répulsion. Elle l’a vu venir au monde, en 1946, dans le quartier populaire de Queens. Quand il y commence sa carrière dans les années 1970, la ville est en banqueroute, sérieusement affectée par la criminalité ; c’est à celui qui la veut. Trump s’en servira lors de la période démesurée de la finance et de l’immobilier. Pourtant, avec le temps, l’embourgeoisement progressif de la ville, le passage au parti Démocrate et le retour à l’ordre ont rendu la séparation inévitable. En 2020, il a déménagé dans son palais mauresque de Mar-a-Lago, à Palm Beach, en Floride – entre autres pour des raisons d’impôts, car il n’y a pas d’impôt local sur le revenu -, bien loin des quartiers de Brooklyn et Queens, où son père a fait sa fortune en bâtissant des logements sociaux.

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