Catégories: Actualité
|
10 avril 2024 12 h 07 min

« Nouvelle pièce du puzzle domestique poule »

Partager

La domestication de la poule, le principal volatile mangé à travers le monde, est un sujet encore largement contesté. Le 2 avril, une recherche publiée dans Nature Communications a proposé que l’élevage de ces volailles aurait été amplifié dès le 4ème siècle avant J.-C. en Asie centrale, suivant la Route de la soie. Robert Spengler, de l’Institut Max-Planck de géo-anthropologie à Iéna en Allemagne, et son équipe suggèrent que la poule aurait alors perdu ses cycles annuels de ponte qui caractérisaient son ancêtre sauvage. Toutefois, ils n’affirment pas avoir résolu le mystère entourant l’origine de cet « oiseau mystérieux ».

Il existe différentes théories sur la domestication du gallus gallus en archéozoologie : certaines prétendent qu’elle aurait eu lieu dans la vallée de l’Indus il y a 4 000 ans, d’autres dans le Sud-Est asiatique il y a environ 8 000 ans ou même dans le nord de la Chine il y a environ 10 000 ans. « L’enjeu de ces suppositions c’est l’absence de preuves décisives », soutient Ophélie Lebrasseur de l’Université d’Oxford au Royaume-Uni, co-auteur de deux importantes recherches en 2022, publiées dans PNAS et Antiquity, qui réévaluaient les ossements de poules retrouvés dans 600 sites archéologiques de 89 pays.

Une reconsidération des archives fossiles a permis de formuler une nouvelle hypothèse : le coq doré, habitant des jungles, aurait pu se rapprocher de l’homme grâce à l’essor de la culture du riz en Thaïlande autour de 1 500 avant J.-C. Cette nouvelle proximité lui aurait offert accès à de la nourriture – des céréales, des invertébrés – et éventuellement à un logis. Devenu domestique, il aurait alors commencé à se répandre à travers le monde.

L’augmentation de l’élevage de poules domestiques
Le domaine de recherche sur la poule domestique est complexe en raison de son génome, altéré par des hybridations, et de la fragilité de ses os, qui sont souvent confondus avec ceux d’autres oiseaux comme le faisan et le canard. De plus, ces os ont la tendance à se déplacer dans les strates géologiques, rendant leur datation imprécise. Pour surmonter ce problème, M. Spengler et son équipe ont adopté une approche innovante – l’examen des coquilles d’œuf. Malgré leur apparente fragilité, ils ont réussi à récupérer ces coquilles des sédiments de treize sites archéologiques situés près de Boukhara en Ouzbékistan, couvrant la période de 400 avant Christ jusqu’à 1000 après Christ.
En étudiant les pores respiratoires et les protéines de ces coquilles, ils ont pu confirmer qu’elles appartenaient à la poule domestique et non à d’autres espèces d’oiseaux locales. Ils ont remarqué une augmentation du nombre de ces coquilles vers le IVe siècle av. J.-C. Ces résultats corroborent ceux d’études antérieures menées sur des ossements de poules trouvés dans une forteresse construite par Alexandre le Grand et un autre site en Ouzbékistan, ainsi que des recherches effectuées sur des sites hellénistiques en Israël. Ces données suggèrent une intensification de l’élevage de poules, probablement pour leur viande.
Il reste 44.55% de l’article à lire, ce qui est accessible uniquement aux abonnés.