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9 avril 2024 3 h 07 min

« Trump confie l’avortement aux Etats »

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Durant plus d’une année, Donald Trump s’est abstenu de révéler son avis sur la question de l’avortement. Ce thème sociétal crucial divise les États-Unis entre ceux qui adoptent une posture répressive et ceux qui défendent les droits reproductifs, suite à l’invalidation historique du jugement Roe v. Wade par la Cour suprême, en juin 2022. Le lundi 8 avril, il a fini par mettre en ligne une vidéo de quatre minutes sur sa plateforme Truth Social, une vidéo qui ne résout absolument pas le débat et révèle ses difficultés politiques.

Alors qu’il ne reste que sept mois avant les élections présidentielles, Donald Trump estime que chaque État devrait définir sa propre législation. Il se positionne ainsi en accord avec la décision de la Cour suprême. Le candidat républicain a également exprimé sa gratitude envers les six juges conservateurs qui forment la majorité de la Cour, en les citant nommément. « J’ai fièrement provoqué la fin » du jugement Roe v. Wade, a affirmé Donald Trump. Celui-ci se dit simplement en faveur, « comme Ronald Reagan », d’exceptions en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la vie de la mère.

Ce revirement a causé la surprise. Les paroles récentes du candidat laissaient entendre qu’il soutenait une loi fédérale de compromis sur cette question. Le 20 mars, sur WABC-TV, il a déclaré que « quinze semaines [de grossesse] semblerait être une durée acceptable pour tous. J’annoncerai tout cela au bon moment ». En privé, Donald Trump avait exprimé son attirance pour une loi fédérale établissant un délai maximum de seize semaines pour une interruption volontaire de grossesse, ce qui est plus que la limite en vigueur dans de nombreux pays européens – quatorze semaines en France.

« La ruse au dépend de la conviction »

L’ex-président, en changeant de cap, privilégie l’astuce plutôt que la conviction. Comme toujours, il a une vision uniquement transactionnelle de l’interruption volontaire de grossesse. Les enjeux de santé pour les femmes ou les dilemmes éthiques, religieux et médicaux ne sont pas significatifs pour lui. Toutefois, la droite chrétienne n’accepte aucun compromis quand il s’agit des valeurs fondamentales, bien que eternellement reconnaissante à l’ex-président pour la nomination de trois juges conservateurs à la Cour suprême.
« Au final, c’est une question de volonté du peuple », a déclaré Donald Trump. « Vous devez écouter votre cœur, et dans de nombreux cas, votre foi ou votre religion (…) Vous devez également gagner les élections, retrouver notre culture, et en réalité, sauver notre pays qui est actuellement en déclin lamentable.» Comment peut-on concilier Dieu, la défense de la vie et les manœuvres électorales ?
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