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7 avril 2024 11 h 07 min

« « Taxi-Girl », un œuvre de Mirwais : une mythologie basée sur la syncope »

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Mirwais, un célèbre compositeur et producteur, notamment pour Madonna, a écrit un livre, « Taxi-Girl. 1978-1981 », publié par Séguier, à 21€ pour une version papier et 14€ en numérique. Ce livre ne se contente pas de relater ses expériences musicales et ne doit pas être ghettoisé dans la catégorie restreinte des monographies musicales. Au contraire, il réinterprète la courte période de gloire du rock français, ce genre musical qui était alors si impatient pour s’autodétruire dans une transition chaotique des années 70 aux années 80. Ce livre offre une vision particulière de ces jeunes adultes, à la beauté saisissante, représentés de façon hésitante entre le doute et le défi dans une superbe photographie de la couverture du livre par Pierre René-Worms. Mirwais, qui était autrefois le guitariste et un élément clé, de Taxi-Girl, un groupe de rock français, a rendu hommage à tous ses membres, à savoir Daniel Darc (chanteur), Laurent Sinclair (claviers), Stéphane Erard (basse) et Pierre Wolfsohn (batterie), dans ce livre fascinant. Ces musiciens, dont la gloire a été aussi foudroyante que leur disparition, sont évoqués avec une grande clarté et passion.

Le sous-titre du livre illustre parfaitement son contenu: Il raconte l’histoire de la formation et des premiers pas d’un groupe musical, incluant tout ce que cela suppose en termes d’histoires et d’informations. Par exemple, la décision concernant le nom du groupe a été un sujet récurrent. Fait intéressant, « Daniel détestait le nom du groupe » selon ses propres mots. En effet, lors d’une réunion de groupe chez grand-mère, il avait suggéré le nom « Ubik » qui est également le titre d’un livre de Philip K. Dick publié en 1970. Cependant, le groupe a opté pour « Taxi-Girl ». Ensuite, le livre dépeint le désordre des premiers concerts, les relations tendues avec un manager trompeur, les soirées passées dans les sous-sols de Rose Bonbon et l’influence grandissante des drogues sur le groupe. Mirwais livre un récit captivant de leur parcours, particulièrement pour ceux qui se souviennent de l’époque musicale où des groupes tels que Modern Guy, Stinky Toys/Elli & Jacno, et Marquis de Sade régnaient en maîtres. En somme, il s’agit d’un véritable récit initiatique.

En mettant de côté l’essentiel, Taxi-Girl, avant tout est une exploration littéraire. Il s’agit du premier tome d’une série littéraire humoristiquement intitulée « Le Show-Business », tel que proclamé par l’auteur. L’introduction décrypte l’approche distincte de Mirwais : plutôt que d’adopter la méthode traditionnelle de narration, il a choisi de représenter le désordre, un mélange de vanité et de dialogue, de génie et de banalité, pour créer une sorte de narration initiatique, mêlant la brutalité et l’attraction d’une crônique autobiographique. On y apprend comment les jeunes membres de Taxi-Girl se sont rencontrés au lycée, dans un contexte très typique du Paris de la « rive droite », à une époque dépourvue de réseaux sociaux et de plates-formes de streaming. L’auteur qui la remémore met aussi en exergue l’impact politique de cette époque : les années 70 ont été mises à mort par le punk, et quelques musiciens à peine majeurs, pas toujours conscients de leurs actions, ont inventé ce qui allait immédiatement suivre, une période d’incertitude dans laquelle les sombres années 80 se perdront rapidement. Vous pouvez continuer la lecture de cet article si vous êtes abonné – 38,74% de l’article reste à découvrir.