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« Revue méthodique des dépenses publiques nécessaire »

L’annonce faite fin mars concernant un déficit plus considérable que prévu dans les comptes publics (5,5 % du PIB en 2023, au lieu des 4,9 % stipulés dans la loi de finances) a marqué l’arrêt de la politique du « coûte que coûte » et l’entrée de la France dans une période de crise budgétaire vouée à perdurer. Il est clair que les 10 milliards d’euros d’économie déclarés en février ne seront pas suffisants pour réparer le déficit, d’où la considération par Bercy de 20 milliards de coupes supplémentaires pour le budget 2025.

Toutefois, à ce moment, le bouleversement est davantage d’ordre politique que financier. L’écart des frais de financement entre la France et l’Allemagne reste proche de 50 points de base (0,5 point de taux). Malgré l’anxiété grandissante à l’approche du jugement des agences de notation, les implications d’une possible dégradation de la notation française seraient probablement restreintes. Le coût des emprunts souverains de l’Espagne, qui a une note inférieure à celle de la France, n’est que de 80 points de base plus élevé que celui de l’Allemagne. Par conséquent, la menace n’est pas instantanée.

Néanmoins, trois questions critiques se posent pour l’avenir : celle des objectifs à adopter, celle des réimplémentations envisageables, et celle du financement des priorités.

Quel objectif devrions-nous viser ? Comme l’affirme justement Olivier Blanchard, l’objectif pour la France sur un horizon de cinq à dix ans devrait être de réduire à néant le déficit excluant les frais d’intérêts, afin de stabiliser le ratio de dette publique et d’éviter le risque d’une évolution démesurée. Pourtant, ce soi-disant « déficit primaire » s’élevait à 104 milliards en 2023, soit 3,7 % du PIB.

C’est un signe préoccupant.

En supposant qu’une fraction de ce total découle d’une conjoncture défavorable, la partie structurelle – qui nécessite donc un ajustement – représente environ 3% du PIB. À cela, nous devons ajouter les nouvelles priorités que représentent la défense, la transition climatique et l’éducation : au total, environ 2% du PIB, plus la santé qui a reçu une augmentation notable en 2020 (12 milliards, selon les chiffres les plus récents) mais qui semble toujours insuffisante. En termes de valeur 2025, il faudra donc trouver 150 milliards dans les années à venir pour assainir les finances publiques et financer les nouvelles priorités.

Cinq points de PIB, c’est bien sûr beaucoup, et il ne sera pas possible de dégager une telle marge de manœuvre en se contentant de faire de petites économies. À court terme, l’équité dans la distribution des efforts est ce qui compte le plus. Sous ce critère, la réforme de l’assurance-chômage est une mauvaise idée, car elle affecte les plus vulnérables au moment précis où ils sont le plus fragiles, et le refus d’envisager la possibilité d’une révision de la fiscalité ou d’une sous-indexation temporaire des pensions les plus élevées envoie un mauvais message.

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