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4 avril 2024 2 h 11 min

Magistrate d’Agen soupçonnée de collusion corse

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L’ex-procureur de la ville d’Ajaccio en Corse-du-Sud, Jacques Dallest, avait l’habitude de dire qu’en Corse, « le pire est toujours possible ». Le mercredi 3 avril, Hélène Gerhards, une magistrate, a été mise en détention provisoire dans le cadre d’une enquête préliminaire conduite par le parquet de Nice (Alpes-Maritimes) le 25 janvier 2021, afin d’éclaircir ses connexions avec le milieu corse, selon ce que l’AFP et le site Médiapart ont révélé.

De 2010 à 2016, Gerhards était juge d’instruction en Corse, puis elle est devenue vice-procureure à Toulouse avant de rejoindre la cour d’appel d’Agen en 2021. Son nom est apparu lors d’investigations effectuées par la Juridiction Interrégionale Spécialisée (JIRS) dans le cadre de la lutte contre la criminalité organisée à Marseille contre le groupe mafieux ajaccien du Petit Bar. En raison de sa précédente position en Corse, l’enquête a été transférée. Les officiers de police ont quarante-huit heures pour l’interroger, en particulier sur ses liens avec Johann Carta, décrit par les juges comme « l’intendant du Petit Bar », gérant secrètement les affaires de ce gang mafieux dans la région.

L’information que M. Carta et certains de ses associés, dont Majdi Amhan, un médecin et investisseur immobilier d’Ajaccio, ainsi que Christophe F., un spécialiste en droit fiscal, étaient surveillés a été révélée suite à une épluchage de leurs communications téléphoniques. C’est ainsi que le nom d’une juge, Hélène, est apparu. On sait qu’elle a reçu M. Amhan pour un repas à Porticcio le 23 août 2020. Apparemment, ce dernier avait l’intention de régulariser sa situation auprès de diverses entités pour démontrer sa bonne foi, six jours après ce dîner. Il avait notamment indiqué que la juge préparait un rapport pour lui. L’interrogatoire de Mme Gerhards pourrait sans doute éclairer ces conversations.

Elle est actuellement sous le coup d’une enquête pour « association de malfaiteurs ». Elle fait également face à des allégations de « blanchiment de fraude fiscale », « d’emploi non déclaré en bande organisée » et de « trafic d’influence ». Ces accusations sont liées à sa gestion d’une grande villa de luxe, située dans la baie d’Ajaccio. Cette demeure prestigieuse, dotée de dix pièces, d’un spa, d’une piscine et d’un pool house, et située à une cinquantaine de mètres de la mer, possède aussi un jardin exotique. Les autorités ont constaté que l’ancien garage de la propriété a été aménagé en logement, désormais proposé à la location sur Airbnb. Malgré ces luxes apparents, elle n’a déclaré aux autorités fiscales qu’une maison et un garage. En outre, elle prétend vivre en Corse avec ses trois enfants en tant que célibataire, alors qu’elle réside en fait en concubinage à Agen.

Les enquêteurs ont effectué une analyse détaillée des travaux réalisés sur la propriété. Ils ont noté l’implication de l’ancien mari de la propriétaire dans certains projets, mais les factures pour l’aménagement paysager et une dalle restent introuvables. Ils s’efforcent de trouver plus d’informations sur l’éventuelle participation d’entreprises associées à Carta-Amhan, y compris AK BTP Construction, dirigée par Khalid Azhour. Azhour, qui est également boucher, est censé avoir fourni de la viande pour les barbecues lors des événements organisés dans le manoir de la juge, selon les enquêteurs. La lecture de la suite de l’article est exclusivement réservée aux abonnés, et vous n’avez parcouru que 45,7% de son contenu.