Avec le passage de chaque jour, la France ressent de plus en plus l’écart grandissant et décourageant entre ce que la population nécessite et la prestation de soins délivrée. Cela est illustré par les 20 millions de français qui se rendent chaque année aux urgences, d’après la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques.
Les raisons sont variées : le vieillissement démographique, l’augmentation de la prévalence de maladies liées à nos habitudes de vie, l’avancement médical qui allonge l’espérance de vie, et les effets d’une politique malthusienne réduisant la formation des médecins depuis de nombreuses années.
Alors, quelle est la solution ? Planifier pour l’avenir est crucial, mais l’idée de former davantage de médecins doit être mise de côté. Cette initiative n’apportera des résultats qu’après une dizaine d’années, constituant un abandon de l’effort pour résoudre ce problème pendant cette durée, une renonciation que les patients ne peuvent pas tolérer. Il faut accepter que les actions locales innovantes, bien que souvent efficaces, ne font parfois que transférer le problème d’une zone géographique à une autre du fait du manque de stratégie globale.
Ci-gît également un choix éthique à faire : nous devons éviter le recours au stripping des autres pays, souvent plus défavorisés, bien que nous devrions envisager avec sympathie la situation des médecins étrangers déjà en exercice sur notre sol.
Au final, nous sommes confrontés à trois stratégies possibles. La première est d’encourager les nouveaux médecins, fraîchement diplômés en nombre record de nos universités, à exercer réellement leur profession telle qu’ils ont été formés. En fait, certains choisissent de s’orienter vers des domaines moins essentiels et éloignés de leur spécialité, tels que la médecine esthétique, ou abandonnent même la pratique médicale. C’est plutôt une question d’attrait que de contrainte, notamment parce que la contrainte n’est pas efficace en temps de pénurie.
La deuxième est d’optimiser le temps médical disponible avec les médecins actuels. Nous devons abandonner l’idée de les faire travailler davantage, il suffit de considérer leur charge de travail actuelle pour comprendre que cela est peu réaliste et que la situation ne peut qu’empirer. La jeune génération, et c’est tout à fait légitime, ne tolère plus les conditions de travail de leurs prédécesseurs. Ne comptons pas sur la télémédecine, la santé numérique et l’intelligence artificielle pour résoudre le problème de façon durable, car ils exigent eux aussi du temps médical.
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